2012, forcément mieux que 2011, n’est-ce pas ?

par Alexandra Estiot, économiste chez BNP Paribas

2011 devait être l'année de la vraie reprise, après une lente sortie de la récession en 2010. La Réserve fédérale avait lancé une deuxième vague d'assouplissement quantitatif (QE), le Congrès américain avait voté un nouveau train de mesures de soutien, et la crise de la dette souveraine en Europe s'atténuait. Début 2011, nous attendions une croissance mondiale de 4,2 %.

Mais les accidents arrivent si vite… Les problèmes ont commencé avec la flambée des prix du pétrole liée au printemps arabe, succession de soulèvements en Afrique du Nord et au Moyen- Orient. Puis, le Japon a subi un terrible tremblement de terre et un tsunami, qui ont entraîné une catastrophe nucléaire. Ces deux événements ont constitué des chocs massifs sur l'offre : les chaînes de production mondiales ont été perturbées (en particulier dans l’automobile et les technologies), et les prix des matières premières se sont envolés.

Dans le même temps, la crise de la dette dans la zone euro s'est aggravée : le Portugal a demandé l’aide de la Troïka, et force a été de reconnaître que le problème de la Grèce n’était pas celui de la liquidité mais de la solvabilité. Les dirigeants européens ont eu le plus grand mal à parler d’une seule voix, leurs réponses ayant systématiquement été trop tardives, ou trop timides. La BCE a mis en garde mais n'a pas été entendue, et la contagion s’est matérialisée. L'Espagne et l'Italie ont été rattrapées à leur tour et contraintes à surenchérir dans l’austérité, avec des effets collatéraux sur leurs dirigeants. L'été n’a pas été mauvais qu’en Europe : les débats sur le relèvement du plafond de la dette fédérale américaine ont coûté le AAA du pays.

L'automne est venu, avec son lot de bonnes et de mauvaises nouvelles. La bonne a été la résistance de l'économie américaine, la chute des enquêtes au cours de l'été ne se concrétisant pas dans l'économie réelle. La mauvaise a été la propagation des tensions aux pays de la zone euro notés AAA (hors Allemagne), les agences de notation menaçant de leur ôter, à tous, les trois lettres sacrées. Face à l’aggravation de la crise de confiance, les politiciens des deux côtés de l'Atlantique ont pourtant décidé de retarder les mesures…

Le pire a été évité. L'euro est toujours debout, et le gouvernement fédéral américain n'a pas mis la clé sous la porte. Mais le Congrès n'a toujours pas trouvé le moyen d'éviter le resserrement budgétaire prévu pour 2012. Les dirigeants européens se sont, certes, accordés sur un plan audacieux qui permettra, sans doute, d'éviter un remake de la crise, mais n'ont toujours pas réussi à y mettre un terme.

2012 sera probablement un tournant de l'histoire européenne, à mesure que l'heure de vérité approche. Les perspectives de croissance de la zone euro sont sombres: l'austérité est généralisée (l'Espagne a annoncé de nouvelles mesures cette semaine). L'Allemagne pourrait, toutefois, réserver de bonnes surprises, comme en témoignent les dernières enquêtes (PMI manufacturier, Indice IFO) en suivant la voie tracée par les Etats-Unis (rebond avant matérialisation de la faiblesse dans l’économie réelle). Nous sommes plus optimistes quant aux perspectives américaines : la Fed lancerait le QE3 si le Congrès échouait à soutenir l’économie. Le monde émergent sera également un élément déterminant, en particulier le Brésil, dont la croissance a calé fin 2011, et la Chine, qui doit gérer sa bulle immobilière.

Dans ce contexte peu rassurant, des élections se tiendront dans plusieurs pays clés : Finlande en janvier, Russie en mars, France (entre avril et juin), Mexique (juillet), Chine (octobre), Etats-Unis (novembre). 2012 sera une année charnière, celle de la politique, pas de la fin du monde.

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