Etats-Unis : presque un sans faute

par Hélène Baudchon et Laure Nguyen, économistes au Crédit Agricole

  • 192 000 créations nettes d’emplois salariés non agricoles et nouvelle baisse du taux de chômage à 8,9%.
  • Nouvelle hausse des enquêtes ISM sur le climat des affaires en février.
  • Progression de 0,2% des dépenses nominales de consommation sur le mois de janvier.

 

Le rapport sur l’emploi de février est sans nul doute meilleur que celui des deux mois précédents, mais il n’est pas 100% bon. Du côté des bonnes nouvelles, il y a bien sûr les 192 000 créations nettes d’emplois salariés non agricoles réparties sur l’ensemble des secteurs d’activité (à l’exception du public et du commerce de détail), la révision en hausse des chiffres de janvier et décembre, et la nouvelle baisse surprise du taux de chômage à 8,9% (sous la barre des 9% pour la première fois depuis avril 2009).

Cette dernière s’apparente à une vraie baisse, puisqu’elle est due à une progression de l’emploi total très supérieure (+250k) à celle de la population active (+60k). Cependant, la durée hebdomadaire du travail pour l’ensemble des employés du secteur privé non agricole est restée stable à 34,2 heures pour le quatrième mois de suite (mais elle continue de se redresser dans le seul secteur manufacturier). De plus, les salaires horaires nominaux n’ont pas progressé non plus sur le mois, ce qui laisse à 1,7% leur progression sur un an. Pas de risque inflationniste de ce côté.

L’ISM poursuit sa course en avant. En février, l’enquête sur le climat des affaires dans le secteur manufacturier est montée à 61,4 (plus haut depuis mai 2004) et celle auprès des secteurs non manufacturiers à 59,7 (plus haut depuis août 2005). La hausse n’est pas énorme par rapport à janvier, mais elle s’appuie, entre autres, sur un net redressement de la composante « emplois » (créations estimées à près de 340k, le signe que le marché du travail a un beau potentiel d’amélioration). La poursuite du redressement de la compo- sante «nouvelles commandes» combinée au repli de la composante « stocks » pointe aussi vers de très bons chiffres de production. Certes, les composantes « prix » ne sont plus très loin de leur niveau de l’été 2008 et pointent vers une inflation autour de 3% en glissement annuel à un horizon court. Mais c’est un pur effet matières premières. Les entre- prises ont-elles les moyens de répercuter cette hausse de leurs coûts de production sur leurs prix de vente, alimentant ce faisant une vraie inflation? Il nous semble que non (malgré la velléité de certaines d’après le dernier Beige book). Ne vaut-il pas mieux préserver ses parts de marché que ses marges ?

Les dépenses nominales de consommation des ména- ges ont progressé de 0,2% sur le mois de janvier. Ce n’est pas un mauvais chiffre en soi, sauf qu’il est insuffisant pour couvrir la hausse de 0,3% des prix. Les dépenses réelles ont donc baissé de 0,1%, leur premier recul en un an. Par rapport à la fin 2010, leur ralentissement est net et l’acquis de croissance au premier trimestre n’est que de 0,8% (rythme annualisé). Le pouvoir d’achat des ménages est, lui, moins sévèrement touché grâce à une progression de 0,7% du revenu disponible. Il en résulte une hausse significative du taux d’épargne à 5,8%. Hors énergie et alimentation, le déflateur implicite de la consommation n’a progressé que de 0,1% sur le mois, ce qui est bien pour le pouvoir d’achat. Cependant, en glissement annuel, l’inflation sous-jacente s’inscrit à 0,8% et reste orientée à la baisse, ce qui est plus problématique même si Bernanke pense que le risque de déflation est désormais négligeable.

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