Le PIB français déjoue les prédictions au troisième trimestre

par Charlotte de Montpellier, Senior Economist chez ING

La crise politique n’a pas impacté de façon très forte l’activité économique française au troisième trimestre, qui accélère nettement. Les risques demeurent néanmoins pour la suite.

Contre toute attente, le PIB a progressé de 0,5 % en glissement trimestriel, après 0,3 % au deuxième trimestre, alors que le consensus anticipait seulement 0,1 %. Cette performance repose sur des fondamentaux solides. La demande intérieure s’est améliorée grâce au rebond des investissements, notamment des entreprises. La consommation des ménages reste positive (+0,1 %), tandis que les dépenses publiques progressent de 0,5 %. Au total, la demande intérieure finale contribue pour +0,3 point à la croissance. Le commerce extérieur apporte une contribution exceptionnelle de +0,9 point : les exportations bondissent de 2,2 %, alors que les importations reculent légèrement. Les stocks, en revanche, pèsent lourdement (-0,6 point), contrastant avec les trimestres précédents.

La production s’est renforcée dans la plupart des secteurs industriels et des services. L’acquis de croissance atteint désormais 0,8 %, ce qui rend très probable l’objectif gouvernemental de 0,7 % pour l’année.

Perspectives incertaines

Les perspectives pour la suite sont assez incertaines. L’incertitude politique et budgétaire devrait peser sur la dynamique de croissance. Néanmoins, le redressement du climat des affaires et de la confiance des consommateurs en octobre laisse penser que l’impact sera peut-être plus faible ou plus tardif que prévu. Les chiffres publiés aujourd’hui par l’Insee indique que la consommation des ménages a augmenté de 0.3% en volume sur le mois de septembre, alors que la crise politique faisait l’actualité tous les jours du mois. Les preuves d’un impact macroéconomique de la crise politique sont donc à ce stade, limitées. 

Cependant, plusieurs signaux invitent à la prudence. La demande internationale est plutôt au ralentissement. Les intentions d’épargne des ménages en France ont atteint un plus haut historique, rendant peu probable une diminution du taux d’épargne. Le redressement de la confiance des entreprises françaises industriels est à mettre sur le compte d’un très petit nombre de secteur, notamment l’aéronautique. Et surtout, alors que les discussions budgétaires s’éternisent à l’Assemblée nationale, il n’y a, à ce stade, aucune visibilité, sur le traitement fiscal qui attend les entreprises et les ménages l’année prochaine. En tant que tel, ces éléments nous poussent à envisager un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre et un début de 2026 assez faible. Néanmoins, il y a beaucoup plus d’incertitude que d’habitude autour de cette prévision. A ce stade, nous tablons sur une croissance du PIB de 0.8% sur l’ensemble de 2025 et de 0.9% en 2026.