par Ken Van Weyenberg, Investment Specialist Private Clients chez Dexia Asset Management
Vu le climat de nervosité qui règne sur les marchés d’actions, les investisseurs cherchent assidument des alternatives. Le taux d’intérêt sur les carnets d’épargne est malheureusement limité et les obligations d’État sûres des pays développés n’offrent qu’un rendement restreint. Pourtant, le marché recèle encore une foule d’alternatives pour tout portefeuille bien diversifié.
Les obligations des pays émergents y ont par exemple leur place. Nous constatons premièrement qu’ils affermissent chaque année leur position dans l’économie mondiale. Ils sont encore loin d’avoir atteint leur capacité économique totale, mais sont déjà en mesure de réaliser une croissance économique durable.
Nous le remarquons aussi au momentum de rating de crédit positif. La solvabilité moyenne des pays émergents s’y est en effet sensiblement améliorée, passant à BBB- (EMBI Global Diversified Index), et leur rapport dette/P.I.B., généralement déjà relativement bas, a encore diminué. Nous pensons dès lors que cette tendance va se maintenir, soutenue par une croissance économique supérieure et durable et par la faiblesse des taux.
Deuxièmement, les pays émergents profitent de plusieurs tendances globales. D’ici 2050, par exemple, notre planète comptera pas moins de 9,5 milliards d’êtres humains. La croissance la plus forte sera enregistrée dans les pays émergents qui, d’ici là, représenteront 86 % de l’ensemble de la population mondiale. Nous constatons en outre que le pouvoir d’achat des pays émergents est en train de monter en flèche. D’ici 2030, selon des estimations, 2,5 milliards de personnes auront accédé à la classe moyenne, et le nombre de ménages disposant d’un revenu supérieur à 6000 USD aura doublé. Les pays émergents sont dès lors le futur moteur de la consommation mondiale. Pensez par exemple au succès grandissant de l’automobile en Chine. Quelque 40 millions de voitures sont actuellement en circulation en Chine et, d’ici 2030, ce chiffre triplera pour atteindre 135 millions.
Troisièmement, la valorisation qui a suivi la reprise de ces dernières années est toujours attrayante. Certes, les obligations des pays émergents ne sont plus vraiment bon marché par rapport à leur moyenne historique, mais il reste un potentiel considérable. La qualité des obligations des pays émergents a largement augmenté, alors que celle des obligations dites « sans risque » s’amenuise (États-Unis). De plus, la recherche intensive de rendement par les investisseurs joue en faveur des obligations des pays émergents, vu que le différentiel de taux s’élève toujours à 360 points de base. Le différentiel reste en outre très éloigné de son plancher historique.
Tant les obligations externes des pays émergents (en USD) que celles libellées dans la devise locale demeurent intéressantes. Les obligations externes des pays émergents peuvent profiter d’un nouveau resserrement du spread, toujours nettement plus large qu’en 2007 (minimum 165 points de base en 2007 alors que le rating moyen de l’indice n’était alors que de BB+). Qui plus est, les obligations en devise locale peuvent profiter de l’appréciation progressive des devises dans les pays émergents. La plupart des devises des pays émergents sont toujours sous-valorisées, et il subsiste une marge appréciable pour une appréciation monétaire.