par Jens Moestrup Rasmussen, responsable de l'équipe de gestion actions value chez Sparinvest
Après une année 2012 en dents de scie, 2013 montrent dès à présent des raisons d’être optimiste pour les investisseurs en actions value.
A long terme, la surperformance des actions Value est dictée par les corrections des anomalies de prix sur le marché, à mesure que les investisseurs se tournent vers les titres sous-évalués. Ces dernières années, les fluctuations macroéconomiques ont souvent accaparé l’attention, au détriment des évaluations boursières – et ce phénomène a fini par affecter la performance en 2012. Mais il a été encourageant d’observer des débuts de signes indiquant que l’attention du marché finirait par se porter sur les évaluations. Nous l’avons constaté au niveau des actions individuelles début 2012 et au niveau géographique en fin d’année.
Les raisons d’être optimiste en Europe
Nous détenons une vaste sélection de sociétés européennes sous-évaluées assorties de bilans solides, d’actifs de valeur et d’un potentiel de renouement avec des historiques bénéficiaires robustes une fois la récession terminée. Nos positions restent bon marché mais un certain nombre de facteurs viennent alimenter notre optimisme quant à l’avenir de notre exposition européenne.
Les efforts en cours de résolution de la crise financière mondiale ne sont peut-être pas toujours couronnés de succès, mais nous estimons qu’un retour à la moyenne est inévitable dans les régions, secteurs ou sociétés dont les sous-évaluations ont été exagérées.
Depuis la déclaration de Mario Draghi cet été, selon laquelle la BCE ferait « tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro », le sentiment européen a fait l’objet d’un profond revirement. Alors que des conditions plus calmes règnent désormais, les investisseurs commencent à se rendre compte de la mesure dans laquelle l’Europe a été survendue, les craintes macroéconomiques ayant fait glisser les cours boursiers bien en dessous du niveau justifié par les fondamentaux des entreprises. Nous sommes d’avis que les actions européennes conservent un potentiel intéressant de nouvelle réévaluation.
Les raisons d’être optimiste au Japon
Fin 2012, les élections japonaises ont ramené au pouvoir le Parti libéral démocrate, traditionnellement favorable au marché, dirigé par Shinzo Abe. M. Abe a rapidement signalé son intention d’adopter une politique budgétaire bien plus accommodante avec deux objectifs précis : mettre fin à la déflation (positif pour les banques du pays) et affaiblir le yen (positif pour les exportateurs japonais). Il a par ailleurs annoncé un programme de dépenses de 117 milliards d’USD, le plus vaste plan de relance adopté par le Japon depuis le début de la crise financière.
Cette preuve sans équivoque de la nouvelle volonté politique est peut-être le phénomène le plus important constaté au Japon depuis plus de huit ans et pourrait représenter un réel « changement de la donne ». La route reste longue et la nouvelle administration n’en est qu’à ses débuts, mais la réaction particulièrement positive du marché à la perspective de l’« Abenomie » montre à quel point le Japon était ignoré de tous, sauf des investisseurs Value les plus engagés.
Nombre de sociétés japonaises n’ont pu se montrer compétitives à l’international en raison de la vigueur du yen. Un affaiblissement de la monnaie nipponne devrait leur permettre de sortir de l’obscurité en mettant au jour leurs nombreux atouts. De même, l’injection d’argent dans les projets d’infrastructure nationaux créera des emplois et des opportunités qui pourraient ajouter environ 1 % au PIB de la nation. Il est fort possible que l’Abenomie nécessite une hausse de la dette japonaise, mais elle pourrait aussi être la clé du redémarrage économique.
Les raisons d’être optimiste grâce au marché des Fusions-Acquisitions
En 2013, nous espérons que les fondamentaux seront davantage à l’honneur sur le marché des actions, motivant une sélection plus judicieuse des titres et donc une concentration sur les mesures Value classiques.
La multiplication des fusions-acquisitions a tendance à amplifier ce phénomène, selon un cercle vertueux dans lequel les niveaux accrus de rachats réels attirent plus l’attention sur les évaluations des entreprises en général. Les entreprises et le private equity disposent encore d’abondantes liquidités inutilisées et réservées aux fusions-acquisitions. Si le nombre de transactions est resté soutenu aux Etats-Unis et au Japon en 2012, l’activité s’est écroulée en Europe, tombant aux planchers observés en 2009. Aussi les marchés boursiers de la région n’ont-ils pas profité de l’effet « dose de réalité » que les opérations de rachat peuvent avoir sur les évaluations des sociétés.
Quoi qu’il en soit, trois sociétés ont quand même quitté le Global Value Fund à l’issue d’offres de rachat : Benetton, Guyenne et Gascogne et Douglas. Nous restons par conséquent convaincus que notre portefeuille est bien placé pour profiter des reprises futures de l’activité de fusions-acquisitions.