par Eric Pictet, Directeur Général du bureau de Paris de MUZINICH & CO
Les actifs risqués ont rebondi durant la première quinzaine, mais ont été pénalisés par des difficultés macroéconomiques au cours de la seconde partie du mois. La crise bancaire à Chypre et des statistiques économiques en repli en Europe ont incité les investisseurs à réduire leur exposition à l’Europe périphérique et aux banques de la région.
Cependant, les indices actions, notamment le S&P, ont atteint de nouveaux points hauts. Au sein de la sphère obligataire, la dette souveraine européenne de haute qualité, telle que les emprunts d’Etat allemands et britanniques, a surperformé, bénéficiant du mouvement de repli vers la qualité initié en réponse à la crise bancaire chypriote et aux craintes de contagion. En ce qui concerne les obligations d’entreprises, le high yield américain est ressorti en tête, suivi par les leveraged loans, le high yield européen et les obligations investment grade européennes. Bien qu’en territoire positif, le segment investment grade américain est resté à la traîne. Le marché high yield européen a enregistré un volume record de nouvelles émissions durant le mois, les entreprises ayant continué de tirer profit de l’environnement de taux d’intérêt bas pour refinancer leur dette existante.
Stratégie et perspectives
Le LBO de Heinz aura occupé le devant de la scène durant la période. Les obligations ont terminé le mois à un rendement de 4,25%, soit le rendement le plus faible jamais enregistré pour une émission de LBO. Selon nous, l’opération de Heinz constitue un cas isolé et ne représente en aucun cas le signe d’une reprise des LBO ou un retour de la tendance au levier excessif. Le cas de Heinz est relativement unique en raison de sa marque très connue et de la prise de participation de Warren Buffet. La prise de participation importante de ce dernier au capital de la société a contribué à réduire le coût de financement des obligations et des "loans", qui ont été largement souscrits par le marché. Nous ne pensons pas que l’opération reflète une détérioration des fondamentaux des entreprises. Au contraire, les fondamentaux restent robustes, comme le montre l’augmentation du nombre de « rising stars » (des entreprises notées high yield qui accèdent au statut investment grade). Rien que sur le mois dernier au sein du marché high yield américain, quatre entreprises affichant 12 milliards USD d’obligations en circulation ont vu leur notation de crédit relevée au statut investment grade. Il s’agit du nombre de révisions mensuelles le plus important du statut high yield au statut investment grade depuis plus de sept ans, soulignant la qualité des fondamentaux des entreprises qui composent actuellement le marché high yield.