Focus sur le secteur bancaire britannique

par Ian McVeigh, gérant chez Jupiter Asset Management

La sortie de RBS et de Lloyds du giron de l’Etat britannique se fera plus rapidement que prévu. RBS étant faiblement valorisée et Lloyds devant être rapidement en mesure d’augmenter ses dividendes, ces actions devraient trouver preneurs auprès des investisseurs privés.

Nous saluons la décision d’accélérer le retour de Lloyds Banking Group à un actionnariat uniquement privé. L’assurance dont a fait preuve ce groupe en répondant à l'Autorité Britannique de Régulation Prudentielle (Prudential Regulation Authority) sur le niveau de ses capitaux reflète l’impression que nous avions depuis quelques temps, à savoir que son processus de stabilisation était déjà bien plus avancé que ce que la rhétorique alarmiste de certains critiques laissait supposer. En analysant les résultats des différents stress-tests, il apparaissait selon nous clairement que les circonstances dans lesquelles Lloyds aurait besoin de plus capital étaient extrêmes et hautement improbables pour l’économie britannique. Le groupe a d’ailleurs annoncé qu’il devrait atteindre le ratio de fonds propre requis par Bâle III de 10% d’ici la fin de l’année. La politique mise en place par l’équipe de direction a porté ses fruits en rétablissant les profits, permettant ainsi une accumulation du capital qui laisse augurer d’une augmentation supplémentaire de son niveau de fonds propres. Les conditions pour un rétablissement significatif des dividendes sont en place, rendant les actions attractives pour les investisseurs privés lorsque l’Etat cherchera à se désengager.

Le cas de RBS est plus épineux. La part détenue par l’Etat est plus importante et la position de la Banque d’Investissement dans ce qui est à l’heure actuelle une entité nationalisée ne peut que poser plus de problèmes que dans le cas de Lloyds dont le business model est bien plus simple. Pour toutes ces raisons, la valorisation de RBS est actuellement beaucoup plus faible. L’action se négocie avec une forte décote par rapport à sa valeur comptable alors que les actions de Lloyds sont équivalentes à sa valeur comptable. Cette différence de valorisation démontre clairement que le marché est bien conscient des plus grandes difficultés de RBS.

La problématique de la good bank/bad bank est curieuse. Comme beaucoup l’ont remarqué, cela a pu être une bonne idée il y a 3 ou 4 ans, mais l’ampleur des actifs toxiques dont il faudrait se défaire est telle que cela rend cette opération, potentiellement onéreuse et déstabilisante, difficilement justifiable. Néanmoins les résultats du plan de restructuration de RBS commencé en 2009 ont dépassé les attentes. Le prix de l’action ne reflète pas la réalité de ce redressement. Pour autant que les investisseurs deviennent plus attentifs aux faits qu’aux discours, la privatisation de la banque devrait pouvoir s’opérer. Etant donné l’importance du rôle que joue RBS sur le marché du crédit aux petites et moyennes entreprises, il est vital de retirer cette activité des mains de l’Etat.