Actions technologiques: Internet versus cloud computing

par Stuart O’Gorman, Directeur Actions Technologies et Gérant du Henderson Horizon Global Technology Fund

Nous avons depuis longtemps un avis positif sur le secteur de l’internet, sur lequel nous sommes surpondérés depuis une dizaine d’années. Deux éléments justifient cette position. Tout d’abord, internet ne cesse de prendre des parts de marché et va continuer sur cette voie dans le futur: en supprimant les intermédiaires, le secteur de l’internet concurrence fortement l’ancienne économie et réduit considérablement ses coûts. D’autre part, internet est devenu de plus en plus accessible grâce à des connections plus rapides et à la baisse du coût des appareils.

Les facteurs démographiques jouent également un rôle important, les « réfugiés numériques » (l’ancienne génération qui n’a pas succombé à cette technologie, considérant celle-ci comme une menace) sont remplacés par les « numériques d’origine », férus de technologie (pour qui celle-ci est devenue une nécessité et dépensant des sommes importantes sur ce secteur).

Les victimes de l’internet sont nombreuses : presse écrite en difficulté, boutiques désespérées ou encore vidéoclubs et librairies en faillite. Le passage de l’ancienne à la nouvelle économie est loin d’être terminé, la majeure partie des dépenses ne s’effectuant pas en ligne. Aux Etats-Unis par exemple, les ventes en ligne représentent moins de 6% du total des ventes au détail. Le potentiel de croissance du secteur est énorme surtout si la pénétration de l’internet sur les marchés émergents rattrape celle des pays occidentaux.

L’importance de la taille

Il est important de signaler que, par le passé, bon nombre de sociétés disposant d’excellentes perspectives se sont avérées être de mauvais investissements. Le deuxième élément (qui est également le plus important) faisant d’internet un investissement attractif repose sur les barrières à l’entrée élevées mises en place par beaucoup d’entreprises du secteur. Seules quelques sociétés se partagent la majeure partie des profits de l’internet. Le nom, la taille et le réseau d’une société représentent des avantages concurrentiels importants et lorsqu’un secteur de l’internet arrive à maturité seulement une ou deux sociétés ont tendance à en bénéficier.

Par exemple, pour ce qui est des liens commerciaux liés à la recherche par mots- clés dans le monde développé, Google touche en moyenne plus de 60% des revenus et plus de 90% des bénéfices. Il est de plus en plus coûteux pour les ma gasins de détail de concurrencer le réseau de distribution d'Amazon sur les principaux marchés occidentaux où la société est implantée. En Chine, Alibaba occupe une position similaire. Le marché des réservations d'hôtel, le secteur le plus lucratif de l'industrie du voyage en ligne, est dominé par les sites internet contrôlés par Priceline, Expedia et TripAdvisor. Il en est de même pour les radios en ligne (Pandora) et le secteur immobilier au Royaume-Uni (Rightmove). C’est ce qui permet de vraiment différencier internet des autres secteurs à succès tels que le cloud computing.

Sur ce secteur, la concurrence est extrêmement rude et les similitudes avec ce qui s’est passé lors de la bulle internet et les faillites qui en résultèrent, nous font craindre un scénario similaire pour certaines de ces entreprises réputées. Evidemment le cloud représente un changement technologique important et certaines des entreprises du secteur, comme les sociétés de l’internet il y a dix ans, sortiront gagnantes de cette guerre concurrentielle. Pour chaque vainqueur, il y aura également de nombreux perdants, mais à l’heure actuelle les acteurs du secteur semblent être valorisés comme de potentiels vainqueurs.

Attention à l’effet de mode

Finalement, même si les perspectives sont bonnes et les barrières à l’entrées élevées, il faut surtout prendre en compte les valorisations. Certains secteurs de l’internet sont devenus relativement chers, mais la plupart des sociétés internet sont extrêmement rentables et leurs ratios PER sont conformes au potentiel de croissance de leurs revenus. Ce n’est pas encore le cas avec les sociétés du cloud computing. Ces dernières enregistrent une solide croissance de leurs revenus (accompagnée d’un fort enthousiasme des investisseurs) mais elles engrangent encore peu de bénéfices, même lorsque l’on exclut les options d’achats d’actions que ces sociétés accordent à leurs employés et à leurs dirigeants. Si l’on vise une croissance séculaire sur le secteur technologique, il vaut mieux donc s’orienter sur les bénéfices réels offerts par l’internet plutôt que les espoirs des entreprises du cloud computing.