par Klaus Wiener, Directeur de la recherche de Generali Investments Europe
Après un début d'année médiocre, les marchés financiers ont récupéré au mois de février la majeure partie des pertes qu'ils avaient accusé. Cette bonne performance repose, selon nous, sur la conviction croissante selon laquelle les politiques monétaires resteront accommodantes pendant un certain temps.
A l'avenir, nous pensons toutefois que de meilleures perspectives de croissance aux EEtats-Unis remettront en question cette idée. Ainsi, les actifs risqués américains devraient sous-performer ceux de la zone euro où les signes d'une reprise lente, mais concrète, ont récemment dominé l'actualité et où la politique monétaire risque de conserver un biais accommodant.
En février, les marchés financiers américains et de la zone euro ont réussi à récupérer les pertes qu'ils avaient accusées lors des premières semaines de l'année. C'est tout particulièrement le cas pour les actions des deux côtés de l'Atlantique qui ont retrouvé aujourd'hui leur niveau du début de l'année. Par ailleurs, les spreads souverains et les spreads de crédit se sont contractés davantage, et même assez fortement dans le cas des emprunts d'État de l'Europe du Sud (-24 pb sur la base d'une moyenne pondérée du PIB).
Cette bonne performance des marchés financiers repose, selon nous, sur la conviction croissante des investisseurs selon laquelle les poli- tiques monétaires resteront accommodantes pendant un certain temps encore. Aux États-Unis, cette conviction s’appuie sur les statistiques macroéconomiques peu favorables. Bien que ces dernières soient fort probablement le résultat de conditions climatiques défavorables (trois tempêtes de neige), cela a néanmoins ouvert la voie à des spécula- tions au sujet d'une pause éventuelle dans le « tapering » de la Fed. Dans la zone euro, c'est un débat de plus en plus intense au sujet du risque de déflation qui a alimenté l'opinion croissante selon laquelle la BCE accentuera davantage sa politique d'assouplissement monétaire. Ce changement d'anticipation sur les politiques monétaires a atténué les craintes d'une crise systémique dans les pays émergents, mais a aussi entraîné un rebond des devises de ces mêmes pays (y compris pour ceux qu’il est convenu d’appeler les « Cinq fragiles »).
A l'avenir, les statistiques macroéconomiques américaines devraient se redresser une fois que les conditions climatiques se seront normalisées. Bien que positif en termes de perspectives de croissance, cela pourrait s'avérer préjudiciable au niveau des marchés financiers car une politique moins accommodante de la part de la Fed sera intégrée de manière négative dans les cours. S'agissant de la BCE, un nouvel assouplissement devrait avoir lieu début mars, mais nous ne prévoyons pas qu'il soit de grande envergure. Parmi les options de politique monétaire possibles, un taux de rémunération des dépôts négatif changerait la donne. Cependant, nous ne pensons pas que la BCE soit prête à intervenir de manière forte. Il semble plus probable que la BCE attende de voir si le tournant attendu au niveau du taux d'inflation se concrétisera en avril.
Etant donné le contexte monétaire, nous anticipons une sous-performance des actifs américains par rapport à ceux de la zone euro au cours des mois prochains. Effectivement, les indicateurs économiques de la zone euro ont jusqu'à présent bien résisté à l'intensification des risques mondiaux. L'indice PMI composite a par exemple un peu baissé, mais il est resté bien au-dessus du seuil de 50 en février. De plus, les chiffres du PIB réel pour le dernier trimestre 2013 témoignent d'une croissance de l'activité dans 93% de la zone euro.
La solide tendance haussière des notations (jusqu'à présent, les réajustements à la hausse étaient limités à l'Irlande et l'Espagne) ainsi que les progrès en marche sur le plan politique en Italie sont autant de facteurs qui confortent notre opinion de longue date selon laquelle une reprise progressive est en cours dans la zone euro. Le gouvernement du Premier ministre Matteo Renzi a été élu sur un programme de réformes électorales et structurelles. Bien qu'il reste à voir si le nouveau gouvernement peut tenir ses promesses, le marché est très optimiste. Cela s'est tout particulièrement vu au niveau du rendement du BTP à 10 ans : contrairement aux périodes antérieures de changement politique, il a cette fois reculé.