par Christophe Donay, Responsable de l’allocation d’actifs et de la recherche macroéconomique, Chef stratège chez Pictet
L’économie mondiale et les marchés financiers arrivent à un point d’inflexion clé, bousculés à la fois par l’élection de Donald Trump et les incertitudes européennes, mais aussi par des changements de fond dans l’approche fiscale et monétaire, avec une croissance économique qui reste bien terne dans la plupart des pays développés.
L’atonie économique et le manque d’inflation suggèrent que les politiques monétaires, même radicales, ont atteint leurs limites. A leur place, les politiques budgétaires commencent à prendre le dessus dans la plupart des pays développés, dans le but de soutenir la croissance. Une autre conséquence des politiques budgétaires, moins marquées par l’austérité, sera de relancer l’inflation. Dans cette perspective, des changements importants sont déjà à l’œuvre sur les marchés financiers, reflétés par la baisse de prix des obligations d’Etat américain après des années de surperformance.
Suite à la Grande Modération (35 ans à partir de 1982 marqués par une chute de la volatilité des cycles économiques et de l’inflation), et à la crise financière de 2007-2008, nous entrons donc dans une nouvelle phase, qui sera caractérisée par une hausse de l’inflation au niveau mondial. Cette phase ne sera pas favorable aux obligations d’Etat, qui risquent de perdre leur statut de valeur refuge. En revanche, l’année prochaine devrait être propice aux actions cycliques, soutenues à la fois par une hausse de l’activité, mais aussi par la relance budgétaire, surtout aux Etats-Unis.
L’impulsion économique donnée par l’administration Trump et la hausse des taux américains seront également favorables au dollar, tandis que la baisse du yen—autre valeur refuge—devrait aider l’économie japonaise. Cependant, une dérive protectionniste de la politique américaine, ou même des crises ailleurs dans le monde, ne peuvent être exclu dans l’élaboration des scénarios pour l’année prochaine.