par Eric Lefèvre-Pontalis, Responsable de la Gestion de la banque privée chez Degroof Petercam
La sortie favorable du cycle politique qui menait l’évolution des marchés depuis le début de l’année a redonné une forte visibilité aux investisseurs. En France tout d’abord, l’élection d’Emmanuel Macron a évacué le risque de l’arrivée des partis populistes au pouvoir. Ailleurs en Europe, le risque d’élections anticipées en Italie se réduit après la perte d’influence sur le terrain du mouvement cinq étoiles. Le parti de la chancelière allemande a remporté des élections locales qui semblent garantir sa réélection. Ainsi, un couple franco-allemand plus fort renforce les chances d’unités en Zone Euro.
Aux Etats-Unis, bien que Donald Trump rencontre des difficultés à appliquer son programme tant au niveau fiscal que des dépenses publiques, l’éloignement de la possible procédure d’«impeachement» qui fragilisait son leadership atténue le risque de crise politique.
Pendant ce temps, bien que largement ignorée par les marchés, l’économie mondiale a accéléré au-delà de la plupart des attentes. Dans l’ensemble des régions du monde (mis à part l’Amérique latine), les enquêtes de conjoncture montrent des signes encourageants à l’image des publications des résultats des entreprises au premier trimestre. Peu dynamique depuis mi-2014, l’activité des sociétés s’est nettement reprise en début d’année. La hausse des chiffres d’affaires s’échelonne de +4% à plus de 10% en fonction des pays. Portés par ce regain d’activité, les résultats ont connu des croissances à deux chiffres sur l’ensemble des régions.
S’agissant de l’Europe, les résultats sont encore plus encourageants avec une croissance de 23% au premier trimestre 2017. Le solde net de bonnes surprises en matière de résultat est au plus haut depuis 2010. Au plan sectoriel, on notera que ce phénomène n’est pas isolé mais s’est opéré sur un front très large sur l’ensemble des secteurs confirmant une reprise généralisée. Ce rebond des résultats des sociétés européennes et de la zone euro en particuliers recèle encore des marges de rattrapage considérables. Ce rebond ne saurait effacer le retard accumulé au cours des dix années précédentes par rapports aux sociétés américaines. Ainsi de 2007 à 2016, les bénéfices par action ont baissé de 45% en Europe et jusqu’à 50% en zone Euro, alors que dans le même temps, ceux du Standard and Poor 500 ont bondi de près de 30%.
Actuellement malgré ces bonnes nouvelles, les marchés ne suivent pas l’optimisme politico et macro-économique. La faiblesse de l’inflation, liée à la baisse des prix du pétrole, et l’incertitude autour de la politique économique américaine ont conduit les investisseurs à faire un pas en arrière et a déprimé les marchés de taux. Le marché obligataire n’intègre désormais quasiment plus d’augmentation des taux directeurs aux Etats-Unis dans les 18 prochains mois.
Le marché sous-estime la force de cette reprise et ce repli doit être mis à profit pour compléter les investissements en actifs risqués en privilégiant la zone euro.