par Régis Bégué, Associé-Gérant, Directeur de la Gestion Actions et de la Recherche chez Lazard Frères Gestion
Est-ce un hasard si, dans le jargon, l’on désigne par le terme anglais de « pipeline » l’ensemble des produits en développement d’un laboratoire pharmaceutique ?
Peut-être pas, car au fond, par certains aspects, l’industrie pharmaceutique ressemble… à celle du pétrole. Non que l’or noir soit indispensable à notre bonne santé, mais plutôt dans le profil de formation du cashflow des deux industries.
Dans un cas comme dans l’autre en effet, il s’agit d’investir en recherche, d’une réserve carbonée ou d’une substance active, puis en développement, et une fois cet effort initial constitué, d’en exploiter le chiffre d’affaires avec un coût marginal extrêmement faible, mais pour une durée de temps limitée – disons une dizaine d’années, ou une vingtaine – le temps que le puits se vide ou que le brevet expire.
Additionnez des dizaines de puits d’un côté et de brevets de l’autre et vous obtiendrez le profil équilibré de cashflow, abondant, des deux secteurs.
Il existe cependant une différence fondamentale entre les deux profils : la volatilité du résultat. Si le prix des médicaments est sujet à débat partout dans le monde, il n’est pas sujet à des variations aussi soudaines que celui du baril. Ainsi, le degré de prévisibilité de la pharmacie est très supérieur à celui du secteur pétrolier.
Cela mérite que l’un se paie beaucoup plus cher que l’autre, ce qui n’est pas le cas actuellement.