par Bruno Colmant, Chef Economiste à la Banque Degroof Petercam
Plus de deux ans après une création monétaire sans précédent, la Banque Centrale européenne (BCE) fait face à des décisions cruciales, voire existentielles pour l’économie de la zone euro. Jusqu’en 2015, cette dernière flirtait avec la déflation, qui constitue le pire scénario économique puisque la confiance dans le futur disparaît.
L’injection monétaire, toujours en cours, avait pour objectif principal de stimuler l’inflation. Cet objectif n’est pas atteint et la BCE semble en avoir fait son deuil. Manifestement, et à la surprise de nombreux économistes, un facteur subjuguant domine l’économie dans sa faible croissance : c’est le vieillissement de la population. Face à cette réalité démographique, une création monétaire est de peu d’effet.
La création monétaire avait aussi pour objectif d’affaiblir l’euro, mais surtout de refinancer les dettes publiques d’Etats surendettés. Aujourd’hui, l’euro se renforce au détriment des exportations.
Les dettes publiques sont, quant à elles, toujours très élevées. Seuls les taux d’intérêt anormalement bas imposés par la BCE autorisent, pour les pays faibles de la zone euro, leur soutenabilité.
La BCE va-t-elle donc prendre le risque de resserrer sa politique monétaire ?
Ce n’est pas certain. J’ai même l’intuition qu’elle pourrait temporairement prolonger son soutien monétaire.
Mais rien ne sera décidé avant les élections allemandes puisque ce pays est un fervent partisan de l’orthodoxie budgétaire et monétaire. Il serait donc impensable que la BCE pollue la réélection probable d’Angela Merkel avec un message de complaisance.