par Emmanuel Auboyneau et Xavier d’Ornellas, Gérants associés chez Amplégest
En ce début d’automne, la croissance mondiale poursuit sa progression solide et coordonnée. En dépit des ouragans qui ont frappé le Texas puis la Floride, les Etats-Unis restent sur une tendance positive avec une confiance forte des acteurs économiques. En Europe, le rythme est même à l’accélération, grâce à une consommation et à un investissement en hausse. La BCE a récemment relevé ses prévisions au-dessus du consensus des économistes. Japon et Chine ne sont pas en reste dans cet environnement porteur, donnant à la croissance une tendance très homogène.
La vigueur de l’économie mondiale est assurément une bonne nouvelle, surtout si l’on se souvient des craintes de déflation mondiale que certains spécialistes brandissaient il y a encore quelques mois. Elle aura cependant des conséquences probables dans deux domaines. Tout d’abord, nous voyons poindre une remontée progressive de l’inflation aux Etats-Unis et en Europe. Ensuite, nous estimons que les politiques monétaires qui y sont menées correspondent de moins en moins aux nécessités actuelles.
Ainsi, l’inflation fait son grand retour aux Etats-Unis et en Europe. Pendant des mois, la chute des matières premières a été « l’arbre qui cache la forêt », occultant la hausse régulière de l’inflation sous-jacente. Celle-ci s’affiche à +1,4% aux Etats-Unis mais devrait monter rapidement du fait de la hausse récente du prix des loyers. Le rebond du pétrole, qui a pris plus de 50% par rapport à ses plus bas, contribuera également à la reprise de l’inflation qui devrait dépasser les 2% d’ici à la fin de l’année. Enfin, la situation tendue de l’emploi en Amérique devrait finalement se traduire par une remontée des salaires qui pèseront sur les indices de prix. En Europe, l’inflation repart également de manière progressive et modérée. L’Allemagne devrait connaitre des taux d’inflation sous-jacente supérieurs à 2% d’ici à la fin de l’année, dépassant ainsi les objectifs de la BCE.
Fed, BCE : le temps de la normalisation des politiques monétaires
Le consensus ne table pas pour autant sur un scénario reflationniste. Mais cette remontée des prix, que nous voyions poindre depuis plusieurs mois et qui nous parait inévitable, est en phase avec le cycle de croissance économique actuel et justifie le changement de discours des banques centrales, annonciateur d’une évolution des politiques monétaires. Une inflation modérée est souhaitable dans des économies endettées.
Aux Etats-Unis, la Federal Reserve (Fed) va poursuivre sa remontée des taux courts avec une hausse probable attendue en décembre et au moins trois hausses supplémentaires en 2018. Par ailleurs, la Fed entame dès cet automne la réduction de la taille de son bilan. En Europe, pas de remontée des taux courts en vue, mais une probable diminution des injections mensuelles de liquidités, dans la lignée du récent « tapering » américain.
Cette évolution des politiques monétaires des grandes banques centrales devrait contribuer à une hausse généralisée des taux souverains dans le monde. Un taux de 3% pour l’emprunt américain à 10 ans serait même logique (2,3% aujourd’hui). Cette perspective doit nous conduire à rester à l’écart des produits de taux dans nos portefeuilles. Nous avons investi au travers de nos fonds flexibles dans des instruments tirant profit de la hausse des taux. Nous pensons que la dynamique des résultats des entreprises devrait conduire à la poursuite de la hausse des marchés actions, particulièrement en Europe. Nous accentuons nos positions sur les valeurs cycliques et financières, les mieux à même de surperformer dans l’environnement actuel.