par Warin Buntrock, Responsable de l’Allocation d’Actifs et Directeur Adjoint des Gestions chez BFT Investment Managers
La publication d’excellents résultats par les entreprises, l’espoir toujours présent de la réforme fiscale aux Etats-Unis et la normalisation de la politique de la Fed dans un contexte économique favorable ont enrayé, dès septembre, la correction des marchés et la chute du dollar.
« America is back » ? Après une période estivale marquée par le doute, les investisseurs semblent renouer avec la vague d’optimisme qui s’était emparée des marchés après l’élection de Donald Trump, en novembre 2016. Le vote par le Sénat, vendredi 20 octobre, d’une résolution budgétaire ouvrant la voie au lancement de la réforme fiscale tant attendue a en effet soutenu les marchés américains. Le projet proposé envisage notamment un abaissement du taux d’imposition des sociétés de 35 à 20%, avec la possibilité d’obtenir un taux d’imposition réduit (mais non précisé) pour les entreprises qui rapatrieraient leurs bénéfices depuis l’étranger.
La hausse des indices a été particulièrement soutenue sur le segment des petites et moyennes capitalisations : de mi-août à début octobre, l’indice Russell 2000 a progressé de plus de 10% quand le S&P 500 ne s’adjugeait que 4%. La réforme fiscale profitera d’abord aux entreprises exposées davantage à leur marché domestique, élément qui caractérise justement les small & mid caps. Malgré des valorisations élevées, la perspective de cette réforme fiscale de l’administration Trump profite également aux valeurs cycliques (consommation discrétionnaire, valeurs technologiques et financières, industrie, matériaux etc.).
L’attention des investisseurs est aussi focalisée sur la Fed qui continue d’adopter un discours plutôt prudent. Malgré la faiblesse actuelle de l’inflation, Janet Yellen a tout de même annoncé son intention de réduire le bilan de la Fed, mais de manière très progressive. Ces déclarations ont suffi d’infléchir la tendance sur le marché des changes en contribuant au rebond du dollar par rapport à l’euro (+2,5% en septembre) après un été marqué par la forte dépréciation du Billet vert (-8% entre juin et septembre). Cette perspective de resserrement monétaire, le prochain relèvement du taux directeur de la Fed en décembre étant quasiment actée, et de réduction du bilan de la Fed expliquent également la hausse du taux d’emprunt américain à 10 ans de 2%, fin août, à 2,40% au cours de ces derniers jours.
Un potentiel de hausse des taux longs américains limité
Cette remontée des taux reflète en premier lieu la bonne santé de l’économie américaine. Néanmoins, le potentiel de hausse des taux longs américains nous paraît limité en raison de l’absence de pressions inflationnistes. A l’instar de la Fed, la BCE devra annoncer cette semaine une réduction très progressive, en 2018, de son plan d’achat d’actifs, prenant acte de la bonne tenue de l’économie en zone euro. En Europe, nous préférons les marchés périphériques (l’Italie et le Portugal plutôt que l’Espagne aux prises avec la crise catalane) et les obligations corporate High Yield.
Les marchés actions devraient continuer de profiter de la reprise économique synchronisée et d’une poursuite de la hausse des bénéfices en 2018 après un cru 2017 qui d’ores et déjà s’annonce l’un des meilleurs en zone euro depuis 2010. Nous estimons le potentiel de hausse des indices boursiers compris entre 5 et 10% d’ici mi-2018. L’exposition géographique doit rester globale car aucune grande zone économique ne subit actuellement une période de ralentissement. Si les valeurs européennes conservent un potentiel de valorisation plus important, il est préférable de garder également une exposition aux actions américaines (retour du « reflation trade ») et japonaises (le mouvement d’appréciation du Yen qui gênait les entreprises japonaises est en voie d’achèvement). De leur côté, les économies émergentes ont, dans ce contexte, retrouvé de l’attrait et conservent une place importante dans notre allocation d’actif cible.