par Philippe Waechter, Directeur de la recherche économique chez Ostrum AM
Les banquiers centraux sont très attentifs au taux de chômage. Janet Yellen l’évoquait à chaque réunion ou conférence de presse comme l’indicateur ultime. Elle a d’ailleurs réussi à mener l’économie US au plein emploi lorsqu’elle a quitté son poste. Mario Draghi évoque peu le taux de chômage lors de ses conférences de presse. Cependant, au regard de la courbe de Phillips de la zone Euro, on peut imaginer que le taux de chômage pourrait encore nettement baisser avant que ne se manifestent des tensions inflationnistes. Le taux de chômage d’équilibre (ou non inflationniste) a probablement baissé lors de la phase conjoncturelle actuelle.Quelle cohérence entre le taux de chômage US et celui de la zone Euro ? La comparaison est amusante.
La première question est de regarder l’allure du taux de chômage en sortie de récession. Pour dater les récessions j’ai pris la référence du NBER pour les USA avec un point bas au deuxième trimestre 2009. Pour la zone Euro j’ai pris la datation du CEPR avec un point bas au premier trimestre 2013.
J’ai rebasé le taux de chômage à 100 à chacun des points bas. L’allure des taux de chômage est similaire entre les USA et la zone Euro comme le montre le graphe. La courbe de la zone Euro est plus lisse sur la durée mais le taux de chômage s’est réduit de la même façon aux USA et en zone Euro.
La deuxième étape est de prolonger la courbe américaine jusqu’en décembre 2015 lorsque la Fed remonte son taux de référence pour la première fois. En faisant l’hypothèse que les allures restent les mêmes cela nous donne la date à laquelle la BCE remontera son taux de référence.
Le graphique fait ce calcul en supposant donc le même point d’arrivée (dans la version rebasée) pour le taux de chômage de la zone Euro et des USA.
Deux remarques
Le taux de chômage de la zone Euro serait alors de 6.45%. Ce serait le point bas historique pour la série de la zone Euro. Cela pourrait être compatible avec l’idée que le taux de chômage d’équilibre a baissé en zone Euro. Les pressions inflationnistes se manifestent alors plus tardivement que ce qui était observé par le passé. La deuxième remarque est que ce taux est atteint en septembre 2019 soit le mois précédent la fin du mandat de Mario Draghi à la tête de la BCE. C’est son successeur qui aura l’opportunité de réorienter la stratégie de la BCE.