par Anne Garans, Associée KPMG, département Sustainability Services
Avec l’avènement des nouvelles technologies, telles que l'intelligence artificielle, les drones, les voitures autonomes, les appareils compatibles avec l'IoT[1], les villes sont davantage connectées et promettent d’être plus performantes grâce à leurs infrastructures, transports ou écosystèmes toujours plus innovants.
Par ailleurs, à l'ère de « make the planet great again », les villes s’orientent graduellement vers un modèle où le smart rencontre le durable, au-delà d'être une simple ville numérique et technologiquement avancée.
Les zones urbaines abritent plus de la moitié de la population mondiale, émettent plus de 70 % des gaz à effet de serre et régissent la grande majorité de l’économie mondial[2].
Cette tendance devrait continuer à croitre selon un récent rapport de l’ONU qui prévoit que deux personnes sur trois habiteront en ville en 2050[3].
Nous nous trouvons ainsi dans une situation sans précédent où l'infrastructure urbaine est devenue l'un des défis les plus pressants auquel le monde est confronté. Les gouvernements et les parties prenantes impliquées dans cette évolution devront accorder la priorité à la durabilité.
Le mouvement de la ville intelligente, autrement dit « smart city », prend de l'ampleur aussi bien en France que sur le plan mondial. La question de la durabilité au sein de la ville intelligente est complexe et multidimensionnelle. Qu'est-ce que le développement durable signifie réellement pour l'infrastructure ? Comment devrait-il être mesuré ? Quels sont les principaux contributeurs et moteurs de la durabilité dans le contexte urbain ?
Pour aider à démystifier la complexité du mouvement smart city durable, Anne Garans, Associée KPMG, au sein du département Sustainability Services, nous partage un état des lieux sur ce mouvement et revient sur les meilleures pratiques à mettre en place pour contribuer à son développement.
La smart city « durable » : un mouvement qui s’aligne avec les 17 objectifs de développement durable de l’ONU
En 2015, les 193 états membres de l'ONU ont adopté un programme audacieux pour éradiquer la pauvreté d’ici 2030 et poursuivre un avenir durable. Ce programme est basé sur les 17 objectifs de développement durable (ODD), traitant des grands enjeux sociétaux de notre temps (changements climatique, pollutions, biodiversité, égalité, pauvreté, ressources, Education, etc.), qui se retrouvent naturellement en phase avec les piliers de la ville intelligente durable. La réalisation des objectifs ODD ne pourra se passer de la smart city et inversement, la ville intelligente ne le sera réellement que si elle intègre le développement durable dans ses fondations.
Alors que les gouvernements se sont engagés à respecter les ODD, des rôles clés semblent se dessiner pour plusieurs parties prenantes, dont la société et les entreprises. Selon la dernière étude KPMG sur la maturité du Reporting ODD des 250 plus grandes sociétés au monde[4], chaque ODD permet aux entreprises de repenser un écosystème plus durable et inclusif vers la croissance économique, la prospérité et le bien-être. Autrement dit, les ODD vont favoriser le développement de smart city durable permettant de mieux vivre, mieux cohabiter, mieux consommer et mieux participer.
L’humain au cœur de la ville intelligente durable
Les villes sont par nature des écosystèmes complexes, mélangeant les hommes, les transports, le commerce, et la connectivité. Pour créer une smart city durable, il est essentiel que les impacts environnementaux mais aussi le bien-être social, la vitalité économique et le sentiment de communauté soient au cœur des initiatives mises en place pour garantir le rôle central de l’humain dans la ville.
Il est nécessaire alors de répondre aux nouveaux besoins des « acteurs-consommateurs » de la ville, sans pour autant négliger les critères environnementaux via l’instauration d’un écosystème intelligent et durable.
Sur le plan de la construction, il revient alors de repenser l’architecture des bâtiments pour qu’elle soit plus connectée et dotée de fonctionnalités permettant une gestion optimisée des ressources. A titre d’exemples, les bâtiments peuvent intégrer des systèmes de gestion comprenant des compteurs intelligents. Ces derniers mesurent la consommation d’électricité, d’eau ou de gaz contrôlés à distance par le consommateur final.
Pour une meilleure gestion de l’énergie, il existe également les bâtiments à énergie positive, intégrant des réseaux d’électricité qui ajustent les flux électriques en fonction de la consommation (Smart Grids), inscrivant l’ensemble dans un système énergétique globalisé et optimisé (Smart Networks).
Les bâtiments peuvent également intégrer un système de chauffage intelligent, des volets roulants connectés à distance ou encore des appareils électroménagers intelligents et moins énergivores. Il s’agit du Building as a Service, qui consiste pour les entreprises de construction, à ne plus vendre un ouvrage mais ses usages présents et futurs.
De nombreuses villes, comme Dubaï ou encore Singapour[5], s’engagent aujourd’hui dans le développement de solutions encourageant la biodiversité pour améliorer la qualité de l’air, le confort thermique et acoustique des quartiers ou multiplier les espaces verts en végétalisant les bâtiments. Ces villes réconcilient les attentes et les besoins en informant et en responsabilisant ses citoyens. Demain la gestion des ressources sera simplifiée, maitrisée et contrôlée par la ville et ses citoyens répondant à leurs aspirations en matière d’écologie et de développement durable.
Cependant, le défi reste de taille : les risques de saturation de données et de technologies doivent être pris en compte par les différents acteurs afin de permettre le développement connexe de la ville intelligente et de la ville durable.
NOTES
- IoT: Internet of Things
- Rapport de l’ONU, 2015
- Rapport de l’ONU, 2018.
- KPMG – Harnessing the Smart City Opportunity
- https://www.abiresearch.com/press/singapore-beats-dubai-and-london-top-spot-smart-city-rankings/