par Marc Basselier, Responsable de la gestion convertible et Scarlett Claverie-Bulté, Investment Specialist chez Union Bancaire Privée (UBP)
Le dynamisme de l’activité primaire convertible en 2018 a créé de nouvelles opportunités d’investissement.
Les obligations convertibles enregistrent l’un de leurs meilleurs débuts d’année. Pourtant, l’appétit au risque des investisseurs a été particulièrement éprouvé en 2018, sur fond d’inquiétudes quant à la croissance globale et aux développements politiques dans plusieurs régions du monde. Dans ce contexte, la volatilité des actions s’est inscrite en nette hausse – un régime auquel les investisseurs devraient s’habituer, vu les nombreuses incertitudes qui demeurent.
Néanmoins, peu sont ceux prêts à renoncer à une exposition aux actions. Bien qu’en ralentissement, la croissance globale reste à des niveaux éloignés d’un scénario de récession. De même, la forte correction de fin 2018 a permis aux actions mondiales de renouer avec des valorisations plus raisonnables. Enfin, dans un environnement de taux bas, notamment en Europe, les rendements obligataires ne représentent qu’une faible alternative aux rendements actions.
En cette période de transition, la convexité des obligations convertibles constitue un actif clé. En associant à une base obligataire une composante action, les convertibles permettent aux investisseurs, via l’option de conversion, de maintenir une exposition actions tout en bénéficiant des vertus défensives des obligations classiques – sous réserve d’une analyse préalable, approfondie, de la qualité de crédit de l’émetteur.
Historiquement, la combinaison d’un plancher obligataire à une « option d’achat » sur l’action de l’émetteur a offert aux investisseurs en convertibles de solides avantages compétitifs à long terme – notamment des rendements proches de ceux des actions sur un cycle de marché, ainsi qu’une volatilité et un risque baissier significativement atténués. Autre atout majeur, une sensibilité aux variations des taux d’intérêt nettement inférieure à celle d’un investissement obligataire de même horizon.
Dans la période post-crise financière, jusqu’en 2017, les actions ont naturellement surperformé, dans un contexte de croissance forte et synchronisée, de politiques monétaires accommodantes et d’augmentation significative des bénéfices. En revanche, dans un environnement empreint d’incertitudes, les convertibles ont retrouvé un solide avantage compétitif, ayant démontré leur faculté de résistance lors des chocs survenus sur les marchés actions. Ce fut le cas en 2018, où cette classe d’actifs a permis, grâce à sa moindre volatilité et à son plancher obligataire, d’offrir une protection face à la sévère correction des marchés actions. La dynamique des convertibles a également été très favorable lors du rebond de ce début d’année : en janvier, l’indice Thomson Reuters Global Convertibles a ainsi capturé plus de 70% de la hausse du MSCI World Net TR (indices couverts en EUR).
Dans cette phase avancée du cycle économique, le marché des convertibles mondiales offre en outre une exposition à des sous-jacents actions très recherchés, liés notamment aux thématiques de la digitalisation de l’économie, de la consommation dans les pays émergents et de la santé. Autre fait notable, une majorité des émissions convertibles récentes provient d’entreprises pour lesquelles les perspectives de croissance relèvent davantage de tendances séculaires favorables que du cycle économique. Il s’agit de valeurs présentant un potentiel de performance additionnelle de fait plus élever ainsi que des niveaux d’endettement relativement contenus, mais aussi une capacité de génération de cashflow solide, et des besoins de refinancement relativement faibles – autrement dit des atouts certains dans un contexte de prudence croissante à l’égard du risque de crédit.
Globalement, 2018 a été marquée par le dynamisme de l’activité primaire convertible. Près de la moitié du volume des nouvelles émissions enregistrées au niveau mondial est venu de primoémetteurs, offrant aux investisseurs en convertibles de nouvelles opportunités à un moment où les valorisations au sein de la classe d’actifs demeurent inférieures à leur moyenne historique. Dans ce climat propice, les convertibles devraient donc continuer à offrir une exposition à des actions de qualité, tout en maîtrisant le risque de volatilité et de correction ponctuelle.