par Ulrike Kastens, Europe Economist chez DWS
L'ensemble des mesures de la BCE a dépassé les attentes. La politique monétaire a porté ses fruits. Aujourd'hui, les États membres de l'UE sont censés poursuivre leur politique budgétaire pour stimuler la demande.
La BCE a une fois de plus fait preuve d'une volonté décisive d'élargir sa politique monétaire. Les décisions les plus importantes concernent la reprise du programme d'achat d'obligations d'État (20 milliards d'euros par mois) et la modification des prévisions (pilotage des anticipations du marché par la communication de sa vision à long terme de la politique monétaire). Les nouveaux achats devraient se poursuivre jusqu'à peu de temps avant que la BCE ne commence à relever à nouveau les taux d'intérêt. Les taux d'intérêt resteront au niveau actuel – ou à un niveau inférieur – jusqu'à ce que le taux d'inflation converge vers le taux cible de la BCE de 2 %. On suppose donc que cela devrait durer assez longtemps, car dans le contexte de l'affaiblissement de l'économie, l'inflation devrait mettre encore beaucoup de temps à se rapprocher de la cible de la BCE. Cette hypothèse est également partagée par la BCE qui a abaissé ses projections d'inflation.
Les achats d'obligations d'État deviennent ainsi un instrument permanent. La baisse des taux de dépôt, l'introduction d'un système de taux de dépôt à deux niveaux et l'amélioration des conditions des appels d'offres à long terme complètent ce dispositif, qui devrait appuyer en particulier les banques du sud de l'Europe.
Toutefois, le fait d'entrer dans cette phase encore plus expansionniste de cette politique, qui consiste à maintenir les taux d'intérêt à des niveaux plus bas pendant plus longtemps, comporte des risques considérables. Elle continue d'offrir des conditions de financement extrêmement favorables dans la zone euro. Toutefois, les risques d'effets secondaires négatifs augmentent également, comme les bulles de prix sur les marchés immobiliers et les pressions continues sur les régimes de retraite privés. Les effets secondaires sur la stabilité financière seront encore plus importants, d'autant plus que cette phase de faible taux d'intérêt se poursuivra pendant très longtemps encore. Le nouveau président de la BCE semble prêt à accorder une attention particulière à ces risques. Dans le cas contraire, le soutien de l'opinion publique pourrait bien s'éroder. Et une question troublante demeure : que se passera-t-il si, contrairement aux attentes, l'économie sombre dans la récession ? La politique monétaire a atteint ses limites et passe maintenant le relais à la politique budgétaire.