par Vincent Boy, Analyste marché chez IG France
Le géant de l’internet Alibaba est depuis ce matin négociable sur deux places de cotation, New York et Hong Kong. Cette introduction retardée de quelques mois et réduite à « seulement » 12,5Mds$ est la plus importante levée de fonds à Hong Kong depuis 2010. Le groupe avait déjà levé 25Mds$, la plus importante levée de l’histoire, en 2014 avant d’être coté sur l’indice américain S&P500.
Alibaba c’est plus de 100.000 employés et plus de 56Mds$ de chiffre d’affaires, dont 55% est réalisé en 24h lors de la « journée des célibataires », que l’on pourrait comparer à la journée du « Black Friday » aux Etats-Unis. A titre de comparaison les achats réalisés par l’ensemble des américains au lendemain de Thanksgiving totalisent « seulement » 6,2Mds$ aux Etats-Unis et 24Mds$ en comptant les achats de Thanksgiving et du « Cyber Monday ». Alibaba à lui seul génère 38,4Mds$ (chiffre 2019) dans le même laps de temps.
Alibaba, très ancrée en Chine avec 75% de son chiffre d’affaires réalisé dans le pays, anticipe de passer de 693M d’utilisateurs à fin septembre 2019 à 1 milliard d’ici 2024 et avec un chiffre d’affaires réalisé à 50% à l’international.
La seconde cotation d’Alibaba, retardée par les manifestations à Hong Kong et qui semblait même difficilement réalisable il y à encore quelques mois, voire impossible dès cette année pour certains analystes, a finalement rencontré un franc succès auprès des investisseurs avec une souscription qui atteignait plusieurs fois l’offre quelques jours après le lancement.
Cette levée de fond de plus de 12Mds$ permettra à Alibaba de se développer à l’international et la seconde cotation lui permettra d’écarter tout risque de restriction de l’accès aux marchés financiers américains par les entreprises chinoises, comme le président américain l’a déjà suggéré.
Au-delà de la cotation d’Alibaba, qui sonne comme une revanche en Chine suite à la déception de voir partir le géant national à Wall Street du fait d’une régulation trop stricte sur la place Hongkongaise, ce succès devrait permettre de redorer la place boursière et attirer de nouvelles introductions.
En effet la Chine souhaite concurrencer les grandes bourses américaines, d’abord en encourageant la cotation des sociétés chinoises sur la place de Hong Kong, puis en y favorisant l’accès pour les sociétés étrangères.
Dans cet optique la Chine a lancé cet été l’indice STAR, qui compte 25 sociétés chinoises et après un départ en trombe, les volumes et les valeurs des sociétés cotées ont fortement diminué, rappelant les deux échecs déjà subit par la Chine dans son désir de concurrencer l’indice technologique américain Nasdaq.