par Alexandre Baradez, Responsable Analyses Marchés chez IG France
C’était l’évènement attendu par les marchés avant le Super Tuesday aux Etat-Unis : la conférence téléphonique des ministres des Finances du G7 et des banquiers centraux, pilotée par JeromePowell, Président de la Fed et Steven Mnuchin, le Secrétaire au Trésor US. Au final : un communiqué de quelques lignes seulement indiquant que le G7 se tenait prêt à utiliser tous les instruments appropriés pour soutenir la croissance mais aucune mention d’une action à court terme. Les marchés ont accusé une phase de repli dans les minutes suivant le communiqué, signe d’une déception à court terme sur le contenu.
Mais la Fed a surpris tout le monde en baissant juste quelques heures après ses taux de 0.50% d’un coup, soit le double des mouvements habituels sur les ajustements de taux, qui sont de 0.25%.
Le marché pricait depuis quelques jours 100% de chance d’une baisse de taux de 0.50%…mais uniquement lors de la prochaine réunion de la Fed prévue le 18 mars. La Fed est donc intervenue par surprise, sans attendre la réunion initialement prévue et avec un vote à l’unanimité des membres du FOMC.
Les dernières fois que des baisses de taux de 0.50% d’un coup sont intervenues c’était en 2007 et 2008, en plein milieu de la crise des subprimes et ensuite il faut remonter à 2001 pour retrouver des interventions sur les taux d’une telle ampleur, c’est-à-dire pendant la bulle internet. Et les marchés ont continué de baisser après ces fortes interventions sur les taux, pendant plusieurs mois, avant de sa stabiliser enfin.
La Fed se trouve donc face à un risque important : ne rien faire aurait pu décevoir les marchés qui pricaient une baisse…mais l’ampleur de la baisse et son timing pourrait rappeler de mauvais souvenirs à ces mêmes marchés…