par Thomas Trsan, ESG and Impact Investing Specialist chez Vontobel
Nombreux sont ceux dans le monde développé qui pensent, à tort, que l’eau est une ressource gratuite et abondante.
En réalité, la pénurie d’eau est un problème endémique. En 2020, 2,2 milliards de personnes n’avaient pas accès à l’eau potable, et d’ici 2025, 3,5 milliards de personnes pourraient vivre dans des régions en situation de stress hydrique. L’Afrique est le continent le plus touché, suivi de près par les pays asiatiques (l’Inde notamment). Selon des estimations, les pénuries d’eau pourraient entraîner le déplacement de 700 millions de personnes d’ici 2030.[1]
La contamination de l’eau exacerbe le problème de raréfaction de l’eau. En effet, 4,2 milliards de personnes n’ont pas accès à des installations sanitaires sûres.[2] Il s’agit là d’un grave problème de santé publique dans la mesure où 1,8 milliard de personnes boivent aujourd’hui de l’eau contaminée. Toutes les deux minutes, un enfant meurt à cause d’une maladie diarrhéique causée par l’insalubrité de l’eau et une mauvaise hygiène sanitaire.[3]
Alors qu’il fait face à un besoin impérieux de développement, d’innovation et de financement, le secteur de l’eau devrait susciter en 2021 une attention accrue de la part des investisseurs à la recherche de domaines de développement très prometteurs qui nécessitent des capitaux de toute urgence. Priorité à l’accès à l’eau propre et aux solutions technologiques permettant une utilisation rationnelle de l’eau.
Afin de résoudre les problèmes les plus urgents, il faut investir en priorité dans les infrastructures et les solutions qui facilitent l’accès à l’eau propre et à l’assainissement, ainsi que dans les solutions technologiques permettant une utilisation rationnelle de l’eau, telles que les compteurs intelligents et les détecteurs de fuites d’eau par satellite, et ce pour deux raisons. D’une part, nous faisons face à une diminution de l’approvisionnement en eau en raison des changements climatiques qui résultent de la variation des schémas des précipitations et d’évaporation. Ceux-ci sont en partie causés par le réchauffement de la planète et le gaspillage des ressources dû à l’épuisement et à la pollution des sources d’eau souterraine ainsi qu’aux fuites d’eau (46 milliards de litres d’eau traitée sont perdus chaque jour dans le monde).[4] D’autre part, nous sommes confrontés à une demande d’eau croissante du fait de l’essor de l’urbanisation et de l’augmentation de la consommation d’eau liée à l’amélioration des niveaux de vie. D’ici 2030, la demande mondiale d’eau douce pourrait dépasser l’offre de 40%. [5]
Des entreprises telles que Veolia[6] en France, Itron[7] aux États-Unis et Georg Fischer[8] en Suisse ont toujours été à l'avant-garde des questions de gestion de l'eau.
Le risque de bulle peut être maîtrisé
Le secteur étant susceptible d’attirer des flux d’investissement considérables, il existe un risque de concentration qui pourrait se matérialiser si les investisseurs venaient à se concentrer uniquement sur un sous-secteur spécifique, tel que les services publics de distribution d’eau. Afin de réduire ce risque le plus possible, il convient de diversifier en investissant dans plusieurs thèmes, par exemple le prélèvement et le stockage de l’eau, les infrastructures hydrauliques ou encore l’efficacité hydrique. Les investisseurs peuvent aussi réaliser une diversification plus poussée entre les régions, les entreprises ayant une exposition mondiale ou nationale, les entreprises de petite, moyenne ou grande capitalisation et les styles growth ou value. Le risque de concentration peut enfin être atténué par l’ajout de sociétés qui sont exposées, outre au secteur de l’eau, aux secteurs de la santé, des énergies renouvelables et de la gestion des déchets.
NOTES
- 2020 Annual Report, 2030 Water Resources Group
- 2020 Annual Report, 2030 Water Resources Group
- Organisation mondiale de la santé
- Utiliscorp.com
- 2020 Annual Report, 2030 Water Resources Group
- Site internet de Veolia
- Site internet d’Itron
- Site internet de Georg Fischer