Etats-Unis : soufflé de croissance

par Hélène Baudchon, économiste au Crédit Agricole

  • La croissance américaine au troisième trimestre est ressortie à +3,5 % en rythme annualisé en première estimation. Ce chiffre marque, probablement, la fin de la récession. 
  • La reprise est à la fois solide (parce que portée par quasiment toutes les composantes du PIB) et fragile (parce que dopée par un certain nombre de facteurs temporaires).

 

La croissance américaine au troisième trimestre est ressortie à +3,5 % en rythme annualisé en première estimation. Ce chiffre n’est pas définitif et sera plus ou moins révisé dans les deux prochains mois une fois disponible toute l’information nécessaire à l’estimation du PIB. Le premier aperçu est néanmoins bon, la croissance étant alimentée par quasiment toutes les composantes du PIB : belle progression de la consommation des ménages (+3,4 %), rebond de l’investissement résidentiel (+23,4 %, et le premier trimestre de hausse depuis la fin 2005), légère augmentation de l’investissement en équipements et logiciels (+1,1 %, première hausse depuis l’entrée en récession), hausse des dépenses publiques (+2,3 %) et contribution très positive des variations de stocks (+0,9 point de pourcentage). Seuls l’investissement en bâtiments (-9 %) et le commerce extérieur (contribution négative de 0,5 point due à un rebond des importations (+16,4 %) plus important encore que celui des exportations (+14,7 %) ont pesé sur la croissance

Cette hausse du PIB marque, probablement, la fin d’un an et demi de récession et le début de la reprise tant attendue. Le « probablement » est important car l’arbitre officiel, le National Bureau of Economic Research, n’a pas encore rendu son verdict sur la date exacte du creux d’activité. En attendant, les signes de reprise sont réels, comme en atteste le chiffre et la composition de la croissance au troisième trimestre.

Le débat de la reprise

Cette croissance est cependant moins solide qu’il n’y paraît car dopée par un certain nombre de facteurs temporaires comme la prime à la casse et le crédit d’impôts aux primo-accédants. Cela ne veut pas dire que l’économie américaine va retomber illico en récession. Mais le soufflé de croissance va probablement retomber quelque peu au tournant 2009-2010.

D’après nous, il y a suffisamment de stimulus, monétaire et budgétaire, et de demande latente héritée de la récession pour que la reprise technique que l’on observe (tirée par un cycle des stocks redevenu favorable) se transforme en véritable reprise, pour qu’un cercle vertueux entre l’offre et la demande s’enclenche.

De plus, historiquement, plus sévère est la récession, plus vigoureuse est la reprise. Il ne faut donc pas négliger le « pouvoir du cycle ». Cependant, ces facteurs de soutien cycliques s’opposent à de puissants freins structurels particuliers à ce cycle. La reprise devrait donc rester molle selon les standards américains, avec une croissance bien moins rapide que lors des phases de reprise cyclique habituelle (proche du rythme de croissance potentielle et non largement supérieure) parce que bridée par le niveau élevé du chômage et la purge de la bulle de crédit.

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