Une volatilité qui va perdurer

Volatilité : le mot a fait une apparition remarquée dans les conversations depuis quelques mois et il semble parti pour occuper les esprits des professionnels des march

Volatilité : le mot a fait une apparition remarquée dans les conversations depuis quelques mois et il semble parti pour occuper les esprits des professionnels des marchés financiers, des dirigeants politiques et même les stratégies d’investissement pour un bon moment, le temps que durera la crise en fait. La volatilité permet de mesurer le risque que représente un actif financier. Plus les fluctuations sont violentes par rapport à une moyenne donnée, en l’occurence celle des rendements, plus l’actif est risqué. Après la faillite de Lehman Brothers, à la mi-septembre 2008, la crainte d’une risque bancaire généralisée a provoqué une panique sur les marchés financiers du monde entier. Les indices permettant de mesurer la volatilité ont atteint des niveaux jamais observés depuis le krach boursier de 1987 et la crise de 1929.

Certains spécialistes des marchés ont mis au point ces dernières années des produits financiers comportant une composante Volatilité afin de pouvoir jouer en bourse sans se soucier de l’évolution des cours, ce qui permet donc d’améliorer ses performances par rapport à ceux qui se contenteraient de miser sur les seules actions. Hatem Dohni, responsable du pôle Volatilité chez CCR Gestion, explique, graphique à l’appui, qu’un portefeuille composé à 80% d’actions de l’indice DJ Eurostoxx 50 et à 20% d’actifs reflétant l’indice européen de la volatilité (V Stoxx) offre une meilleure performance qu’un portefeuille investi uniquement en actions européennes.

Certains ont bien compris l’intérêt de “jouer” la volatilité : ce sont les banques. Selon Hatem Dohni, elles sont les principaux acteurs de ce marché aujourd’hui avec une part relative supérieure à 50%. Le marché des options, qui intègre donc les produits de volatilité, représenterait plus de 100 fois la valeur des marchés d’actions, soit plusieurs centaines de milliards d’euros. Les banques ont arrêté de vendre de la volatilité, surtout l’anticipation longue (12 mois) et sont même en position acheteuse. Pourquoi les banques, qui ont souffert de la crise financière, agissent-elles ainsi ? Pour une raison très simple : elles pensent que la volatilité va perdurer et qu’il y a des profits à réaliser, ce qui permettrait au passage de doper les performances de leurs branches BFI (Banque de Financement et d’Investissement) bien éprouvées.

Mais cela signifie aussi que les banques ne croient pas à une reprise avant un horizon d’au moins 12 mois. Car en période de croissance régulière de l’économie la volatilité est limitée, la crainte étant absente. Du fait de leur rôle central dans l’économie, les banques sont bien placées pour voir que la peur ne quitte pas les agents économiques que ce soient les ménages, les entreprises ou les investisseurs financiers. Cela va se traduire par le maintien de la volatilité à un niveau élevé. Cela signifie aussi que les dirigeants politiques et les responsables des banques centrales qui évoquent régulièrement ces derniers temps la possibilité que l’économie cesse de se dégrader avant la fin de cette année sont particulièrement optimistes. Pour sortir de la crise, il faut faire reculer la peur. Et ce n’est pas gagné.