Le président américain Barack Obama a décidé de tenir tête à la Chine, que ce soit sur la question de la censure, sur celle du Tibet (avec la récepti
Le président américain Barack Obama a décidé de tenir tête à la Chine, que ce soit sur la question de la censure, sur celle du Tibet (avec la réception de Dalaï Lama à la Maison Blanche), sur celle de Taïwan (les Etats-Unis ayant approuvé la livraison d’armes à l’île nationaliste) et bien entendu sur sur celle de la sous-évaluation du yuan, qui permet à l’Empire du Milieu de vendre ses produits partout dans le monde en élimant peu à peu toute concurrence.
Après avoir tenté de nouer un partenariat et s’être heurté à une fin de non recevoir de Pékin, Barack Obama a compris que les deux pays ne pouvaient pas travailler ensemble. C’est évidemment le cas dans le domaine économique. Même si les Etats-Unis sont le premier marché des entreprises chinoises et si la Chine est le premier créancier des Etats-Unis, leurs intérêts stratégiques sont divergents. Après avoir évoqué un illusoire “G2, qui aurait vu les deux pays s’entendre pour régler les problèmes de la planète, les experts constatent un retour à la Realpolitik.
La Chine a acquis un poids considérable dans l’économie internationale et elle devenir le premier pays dans le classement du Produit intérieur brut (PB) par tête d’habitant d’ici 2050. Compte tenu de la démographie, elle deviendra la première puissance économique bien avant cette échéance.
Un tel basculement ne devrait, en principe, générer aucune crainte. Les Européens ont bien laissé le leadership international aux Etats-Unis au début du XXème siècle. Pourquoi la Chine ne pourrait-elle pas prendre le relais ? La réponse est simple : le pouvoir communiste de Pékin, qui organise d’ailleurs un capitalisme proche de celui du XIXème siècle (aucune transparence, corruption quasi-généralisée, abus de ceux qui sont proches du régime contre le peuple, etc.), n’a rien d’autre à proposer à la planète que ses produits fabriqués à bas coût.
Il ne faut oublier que les Etats-Unis ont pu dominer tout le XXème siècle ce ne fut pas seulement à cause de leur puissance militaire et économique. Ce fut aussi parce qu’ils proposaient au reste du monde un mode de vie – le fameux “American Way of Life” – que l’on peut critiquer mais qui séduisait naturellement les autres peuples, en particulier les jeunes, qui ont découvert la musique populaire américaine, le cinéma et aussi, hélas, une forme de “malbouffe”.
C’est ce qu’on appelle le “Soft Power”, la capacité à transmettre ses valeurs. La Chine, pourtant l’une des plus vieilles et plus riches civilisations, n’a pas un tel objectif. La vision actuelle de ses dirigeants est purement “mercantiliste”. Le pays a profité de son “avantage comparatif” – terme défini par l’économiste David Ricardo (1772-1823) -, à savoir son faible coût du travail (que certains économistes qualifient même de travail gratuit), pour s’emparer de pans entiers de l’industrie : les entreprises chinoises dominent désormais les secteurs du textile, des jouets, l’électronique grand public et l’informatique pour ne citer que les principaux. Conséquence : la Chine soit devenue, en 2009, la première puissance exportatrice de la planète devant l’Allemagne. Les dirigeants chinois pensent aujourd’hui qu’ils sont plus forts que jamais parce que leur économie a relativement bien résisté à la crise financière et économique alors que les Etats-Unis sont affaiblis. Le problème est la Chine ne respecte aucune des règles des échanges commerciaux. Grâce à sa monnaie sous-évaluée, elle a dégagé en 2009 un excédent commercial de 195 milliards de dollars et ses réserves de change atteignaient, fin décembre, 2.399 milliards de dollars (+23,3% en un an).
La Chine bénéficie des avantages de son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) mais elle n’offre rien en échange. Pis, elle a mis en place un protectionnisme particulièrement efficace. Il y a ainsi peu de secteurs dans lesquels les entreprises étrangères peuvent travailler librement. Il faut le plus souvent un partenariat avec des hommes d’affaires proches du pouvoir. Souvent, les technologies apportées par les étrangers sont pillées.
Le marché chinois est fermé à des produits qui pourraient concurrencer la production locale. Les groupes occidentaux viennent de le subir dans le secteur des équipements de télécommunications.
La décision de Barack Obama de tenir tête à la Chine est donc une bonne nouvelle pour les industries occidentales et les emplois qui en découlent.
Les dirigeants politiques doivent aller plus loin et imposer des mesures protectionnistes contre la Chine tant que ce pays ne respectera pas les règles d’un partenariat équilibré. La solution la plus rapide aujourd’hui en Europe est l’instauration d’une taxe carbone sur les produits chinois. Le risque d’une guerre commerciale ne peut être écartée. Mais les Occidentaux ont le choix aujourd’hui entre affronter la Chine ou laisser leur industrie disparaître avec les problèmes sociaux majeurs que cela va entraîner.