Et si le FMI notait les pays…

La décision des agences de notation d’abaisser la note de crédit de plusieurs pays européens, dont la Grèce, le Portugal et l’Espagne, et donc d’augmen

La décision des agences de notation d’abaisser la note de crédit de plusieurs pays européens, dont la Grèce, le Portugal et l’Espagne, et donc d’augmenter les taux d’intérêts que ces pays doivent payer pour emprunter sur les marchés financiers a provoqué de nouvelles critiques sur le rôle de ces vigies particulières. Car les investisseurs s’appuient sur les notes de Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings pour juger de la solidité d’un pays, de sa capacité à rembourser ses emprunts. Et les turbulences des dernières semaines sur les marchés financiers ont conforté des dirigeants politiques qui instruisaient depuis plusieurs mois le procès de ces agences.

Les agences de notation évaluent les pays mais aussi des placements proposés par les grandes banques d’affaires. Elles ont été mises en cause depuis le déclenchement de la crise financière, notamment parce qu’elles ont accordé les meilleures notes à des produits complexes voire toxiques.

Mais ce ne sont pas les agences de notation qui ont causé les difficultés de la Grèce. On peut leur reprocher de n’avoir pas réagi plus tôt. Mais la Commission européenne, qui est chargée, via Eurostat, de collecter les données économiques des pays membres de l’Union européenne, n’a rien vu non plus. A moins que l’exécutif bruxellois ait refusé de voir, ce qui n’est pas impossible.

La situation aujourd’hui est assez cocasse : les pays de l’UE sont juges et partie. Le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) supposé mettre en oeuvre les critères du traité de Maastricht sur la monnaie unique n’est ainsi respecté par aucun des grands pays membres, à commencer par l’Allemagne et la France. On imagine mal les autres pays de l’UE voter l’expulsion des deux premières puissances économiques de la région au motif qu’ils ne tiennent pas leurs engagements.

Le problème est insoluble. Aujourd’hui, les investisseurs internationaux s’appuient sur les notes de crédit des agences de notation pour juger de la solidité d’un pays, plus précisément sa capacité à rembourser ses emprunts. Leur approche est de plus en plus critiquée par les dirigeants politiques, qui les accusent de ne pas voir les problèmes en amont et d’aggraver les problèmes en dégradant les notes alors que les pays concernés sont déjà affaiblis.

On voit bien qu’il manque aujourd’hui un juge de paix à la réputation incontestable. le Fonds monétaire international (FMI) pourrait jouer ce rôle. Cet organisme financé par les principaux pays de la planète ne peut pas être accusé de conflit d’intérêt. Il dispose en outre d’équipes solides d’économistes. Il intervient depuis des décennies auprès des pays en difficultés en leur prêtant de l’argent et en les aidant à mettre en oeuvre des réformes. Mais on fait appel à lui quand il est trop tard.

Pourquoi ne pas confier une mission de surveillance économique et financière au FMI ? L’organisme pourrait ainsi créer une agence de notation qui suivrait régulièrement, grâce à la masse d’information dont il dispose déjà et grâce à des enquêtes “sur le terrain”, la situation dans les différents pays de la planète. Il pourrait émettre des opinions à la manière des agences de notation traditionnelles (AAA à D avec toute une échelle pour tenir compte des différences).

Les investisseurs internationaux et les dirigeants politiques disposeraient ainsi d’une boussole et ne pourraient plus plaider l’ignorance en cas de problème.