par Shamik Dhar, Chef économiste chez BNY Mellon Investment Management
Nos perspectives pour 2021 reposent principalement sur le scénario de la « bonne reprise » dans lequel les économies rouvrent grâce à la levée des restrictions et aux vaccins, ainsi qu’à une immunité naturelle, permettant à de nombreux pays d’atteindre l’immunité collective d’ici le second semestre. Ce scénario reste le plus probable, avec une probabilité de 40 %. Cependant le risque d’inflation semble de plus en plus élevé. Plusieurs scénarios se dessinent.
Scénario de la reprise
Jusqu’à présent, nous avons été relativement optimistes à l’égard du risque d’inflation. Dans ce scénario, nous adoptons une vision relativement optimiste de l’élasticité de l’offre globale. Bon nombre des industries les plus durement touchées appartiennent à ce que nous pourrions appeler le secteur des « services de proximité » et, par définition, les services sont des produits qui sont « consommés sur le lieu de production ». En principe, il devrait donc être possible d’augmenter l’offre de ces services relativement rapidement une fois les économies ouvertes, ce qui atténuerait toute pression à la hausse sur le niveau global des prix.
Toutefois, cela dépend en grande partie de la flexibilité des marchés du travail et de la capacité des programmes de soutien fiscal à maintenir la viabilité des établissements.
Scénario de la « surchauffe »
Notre scénario inflationniste – dit de « surchauffe » – a une probabilité de 30 % de se produire. Dans ce scénario, les pressions inflationnistes commencent à augmenter vers la fin de l’année, mais les banques centrales décident de s’y adapter, du moins dans un premier temps, en maintenant leur politique monétaire actuelle. Plus précisément, la Fed attend que la moyenne de l’inflation sur deux ans atteigne 3 % avant de réagir, ce qui n’est pas le cas avant fin 2022.
En conséquence, l’inflation commence à s’accélérer l’année prochaine et les obligations conventionnelles se vendent davantage face à la « surprise » de l’inflation. Cela pourrait entraîner une certaine volatilité à court terme sur les marchés des actions et du crédit, mais en fin de compte, il s’agit d’un scénario dans lequel les taux d’intérêt réels restent bas, voire baissent, du moins pendant un certain temps.
Il y a toutefois un élément d' »erreur politique » dans ce scénario, car les banques centrales interprètent à tort une inflation supérieure à 2 % comme étant temporaire et maintiennent donc une politique accommodante.
Scénario de la réaction rapide
Dans ce deuxième scénario inflationniste, la Fed et les autres banques centrales réagissent beaucoup plus rapidement à une augmentation de la pression. Plus précisément, la Fed commence à ralentir et à préparer le marché à une hausse des taux dès que la moyenne mobile sur deux ans atteint 2 %, c’est-à-dire fin 2021.
C’est beaucoup plus tôt que ce que les marchés prévoient actuellement. Le résultat est que, contrairement au scénario précédent, les rendements réels augmentent, ce qui affecte la valorisation des actions et des autres actifs risqués. Les obligations classiques, les obligations protégées contre l’inflation et le crédit se vendent tous également.
Malgré les risques accrus d’inflation, nous restons optimistes quant à la réalisation de notre scénario de « bonne reprise ». Les actions restent l’option la plus intéressante parmi les actifs à risque, tandis que les actions des marchés émergents continuent de bénéficier de la reprise cyclique mondiale. Les alternatives continuent de faire partie intégrante de l’éventail d’opportunités d’un investisseur, alors que les marchés envisagent la possibilité d’une reprise plus forte qui entraînerait une hausse de l’inflation. »