par David Czupryna, Responsable développement ESG chez Candriam
Si le message de l’Agence Internationale de l’Energie selon lequel il ne doit plus y avoir de projets pétroliers et gaziers n’a rien de nouveau, les investisseurs savent depuis des années que les ressources en charbon, mais aussi en pétrole et même en gaz doivent être abandonnées si nous voulons avoir une chance de maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 2 degrés.
Ce qui est surprenant, c’est d’entendre ce point de vue venant de l’AIE.
L’AIE a toujours été perçue comme favorable aux combustibles fossiles. De nombreuses sociétés pétrolières et gazières fondent leurs propres plans d’investissement sur ses projections. Et voilà que cette même institution leur dit, en termes très clairs, d’arrêter d’investir dans les combustibles fossiles.
Le raisonnement est simple : chaque baril de pétrole pompé dans le sol représente une demi-tonne de CO2 qui se retrouve dans l’atmosphère. L’AIE ne fait que relier les deux extrémités de l’argument : le pétrole engendre du CO2, l’objectif de 2 degrés demande moins de CO2, donc moins de CO2 signifie moins de pétrole, et ce dès maintenant.
Mais ce qui est encore plus intéressant, c’est l’absence de réaction du marché, les actions des grandes sociétés pétrolières et gazières et les prix du pétrole sont restés pratiquement inchangés ou ont peu bougé à la suite de cette annonce.
S’agit-il d’une pure complaisance ? L’AIE n’est pas une sorte d’institution périphérique que les acteurs du marché pétrolier peuvent se permettre d’ignorer. C’est ce qui se rapproche le plus d’un organisme de surveillance du marché de l’énergie.
Et ce rapport ressemble fort à un chien de garde qui se réveille et tire la sonnette d’alarme