par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé chez Amplegest
Cette rentrée de septembre se place sous le signe d’un certain nombre d’interrogations et de contradictions sur le front économique mondial. Dès lors, différents scénarios pourraient se manifester dans les prochains mois.
Tout d’abord aux Etats-Unis nous avons la juxtaposition de statistiques discordantes qui, les unes, indiquent une croissance toujours soutenue et, les autres, des signes de ralentissement. Parmi les premières, on peut noter un marché de l’emploi toujours fort, avec des salariés qui n’hésitent plus à démissionner pour trouver un autre emploi, signe de confiance. Les commandes de biens d’équipement sont également en forte reprise ce qui annonce une reprise des investissements des entreprises. La faiblesse actuelle de nombreux stocks dans l’économie américaine justifie ce retour de l’investissement qui va contribuer positivement à la croissance. Enfin, les indicateurs avancés sont toujours bien orientés et suggèrent une poursuite de l’expansion.
En revanche, du côté des statistiques moins favorables on retrouve une confiance du consommateur en décélération nette. C’est peut-être en partie lié à la reprise de la pandémie dans certaines régions du pays, mais cela reste à confirmer. La consommation de biens se tasse depuis plusieurs semaines. L’industrie semble également affectée récemment après une forte expansion dans la première partie de l’année. Autre donnée problématique aux Etats-Unis : l’inflation. En rythme annualisé la hausse des prix tangente les 8%, chiffre très supérieur à l’objectif de la Réserve Fédérale. C’est également tout à fait incompatible avec le niveau actuel des taux d’intérêt aux Etats-Unis. Tout tient dans le discours de la Banque Centrale qui insiste sur le caractère provisoire de cette inflation. Mais cela reste un pari qu’il faudra surveiller.
En Chine on note un tassement clair de l’activité. Là aussi le Covid et les décisions radicales pour le combattre sont sûrement en partie responsables de ce ralentissement. Les interventions politiques pour réguler certaines industries (internet, les jeux,…) ont pu également y participer. La production est en décélération légère et la Chine, si elle reste toujours en phase de croissance, est sur une tendance baissière à court terme.
L’Europe tire son épingle du jeu, à son rythme, mais le fait nouveau est que l’Allemagne, locomotive habituelle, semble un peu grippée, au contraire d’autres pays comme la France. L’Allemagne dépend plus de son activité industrielle et de la situation de ses partenaires commerciaux. L’automobile souffre notamment à court terme du fait de la crise des composants électroniques. La situation sanitaire européenne est, à ce jour, sous contrôle grâce à un taux de vaccination très important. Le terrain est donc favorable pour une poursuite du cycle d’expansion en Europe. En revanche, l’inflation doit également être surveillée. En Allemagne, en rythme annualisé, elle s’affiche autour de 4%, niveau incompatible avec les exigences traditionnelles du pays. La réaction de la BCE sera à surveiller prochainement.
Tous ces facteurs nous incitent toujours à conserver, tactiquement, une certaine prudence dans nos allocations. Les résultats des sociétés sont dans l’ensemble très positifs et justifient la valorisation actuelle des marchés. Toutefois, un changement de politiques monétaires et/ou une reprise de la crise sanitaire entraînant une baisse de l’activité, pourraient provoquer des replis ponctuels des indices.