par Vincent Manuel, Directeur des Investissements chez Indosuez WealthManagement
La Réserve Fédérale américaine a fait l’essentiel hier : confirmer la mise en œuvre largement attendue de la réduction du rythme de hausse de son bilan. Il s’agit presque d’un non-événement, malgré l’attention qu’il a générée, et c’est une décision inverse qui aurait causé la surprise.
L’attention s’est donc logiquement reportée vers la sémantique employée dans le communiqué de presse. Un pas en avant en employant un ton moins certain au sujet du caractère transitoire des facteurs d’inflation (“expected to betransitory”). Un pas en arrière ensuite en indiquant que les facteurs inflationnistes pesant sur l’offre pourraient se résorber à terme.
La séance de questions/réponses a vu le débat se concentrer largement sur les perspectives de remontée des taux. Jerome Powell a réitéré un certain détachement vis à vis des “dot plots” de septembre en indiquant que les hausses de taux n’avaient pas fait l’objet de débat… pour le moment.
Une manière de l’interpréter est de se rappeler que Jerome Powell n’a pas l’intention de s’engager sur une remontée de taux en même temps que le tapering qui doit prendre fin en juillet au rythme annoncé. Cela laisse donc la porte ouverte pour une remontée des taux à la fin de l’année 2022.
Le marché ne semble pas vraiment acheter la tonalité prudente du discours de Jerome Powell. Un renforcement des anticipations de hausses de taux par le marché pour 2022 avait été observée au cours des dernières semaines qui n’ont pas été vraiment remises en cause par la conférence d’hier. Deux hausses de taux de 0,25% entre septembre et décembre 2022 ne remettraient pas en cause le fait d’attendre la fin du tapering. En revanche, anticiper une première hausse dès juillet 2022 ne laisserait quasiment pas de délai avec la fin du tapering : c’est donc plus le calendrier que la direction future des taux qui est au centre de l’incertitude.
Face à une réunion de la FED sans réelle surprise c’est davantage la réunion de la Banque d’Angleterre qui fait bouger les marchés aujourd’hui : sa décision inattendue de maintenir les taux inchangés a conduit à une forte baisse des taux à deux ans et fait plonger la livre de 1,5%.