par Eric Pedersen, Responsable de l’investissement durable chez Nordea Asset Management
Six ans déjà ! L’Accord de Paris sur le Climat, acte structurant conclu lors de la COP 21 en 2015, a été ratifié jusqu’ici par 194 Etats et par l’Union européenne. Aujourd’hui, la COP 26 est tout aussi importante, à plusieurs titres. Tout d’abord, parce que le Président américain Joe Biden a signé à nouveau l’Accord, par décret, le 20 janvier dernier après que Donald Trump en est sorti. Le retour des Etats-Unis au sein de l’Accord permet d’envisager une adhésion plus large aux initiatives liées au climat.
Ensuite, parce que la Commission européenne a entre-temps entériné l’entrée en vigueur de la réglementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) qui impose aux gestionnaires d’actifs et aux acteurs des marchés financiers des exigences fortes, de transparence et d’information, en matière d’intégration des critères extra-financiers.
Enfin, parce qu’il y a malgré tout une progression en matière de définition d’objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Entre les entreprises, les villes et les institutions, plus de 130 pays ont fixé – ou envisagent de le faire – un objectif de « zéro » émission nette d’ici le milieu du siècle.
Notons aussi une composante inédite par rapport aux COP précédentes : la pandémie de Covid-19 a mis en lumière encore plus frontalement l’urgence des crises environnementale et sociale à travers le monde.
Décarbonation, « transition juste » et afflux de capitaux pour l’investissement
Ainsi, les attentes à l’égard de la COP 26 concernent plusieurs domaines tels que le renforcement de la tarification du carbone, la suppression progressive des subventions aux combustions fossiles ou les initiatives régulatoires pour accélérer le démantèlement des installations thermiques au charbon. Sans oublier les efforts en faveur d’une « transition juste », pour éviter toute dislocation sociale. Autrement dit, un cadre régissant les interventions sociales nécessaires pour garantir les droits et les moyens de subsistance des travailleurs les plus fragiles alors que les économies sont en transition vers une production durable et plus protectrice du climat.
Nous espérons que davantage de gouvernements s’engagent à atteindre l’objectif « zéro » émission nette avec des feuilles de route clairement définies pour sortir du carbone. Cet objectif est vital à long terme et la réduction des émissions dans les 5 à 10 ans constitue à nouveau l’enjeu phare de cette COP 26. Avec en corollaire, la question de la taxe carbone qui doit sans aucun doute figurer sur le devant de la scène.
Qui plus est, attendons de cette COP qu’elle grave dans le marbre de plus grands engagements en matière de mise en œuvre des obligations de divulgation des risques climatiques, alignées sur les recommandations du groupe de travail « TCFD » défini lors de la COP 21 (Task Force on Climate-related Financial Disclosures).
Nous pourrons qualifier de succès cette COP 26, si des engagements marquants et des politiques conformes à la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C sont actés. Et si les investisseurs soutiennent enfin massivement la transition vers l’objectif zéro émission, via des flux de capitaux à l’ampleur inédite dans l’histoire. Les besoins et opportunités d’investissement sont multiples à l’échelle de l’économie globale, bien au-delà de « l’évidence » que représentent les technologues « propres » ou les infrastructures vertes.