par Hélène Baudchon et Cécile Duquesnay, économistes au Crédit Agricole
- 431 000 emplois salariés non agricoles ont été créés en mai et le taux de chômage retombe à 9,7 %.
- Malgré son léger repli à 59,7, l’enquête ISM sur le climat des affaires dans le secteur manufacturier renvoie toujours le message d’une reprise industrielle solide. L’indice ISM relatif au secteur non manufacturier se stabilise à 55,4.
Le rapport sur l’emploi du mois de mai laisse perplexe. Les principaux chiffres sont bons en apparence (431 000 créations nettes d’emplois salariés non agricoles, dont 411 000 pour le seul recensement, recul du taux de chômage à 9,7 %). Mais les détails du rapport ne le sont pas, en tout cas bien moins encourageants qu’en avril.
Les mauvaises surprises l’emportent sur les bonnes. Parmi les premières, on retiendra : les créations nettes d’emplois privés limitées à 41 000 (dont 35k destructions nettes dans la construction, -7k dans le commerce de détail, et -12k dans la finance), la baisse du taux d’activité derrière la baisse du taux de chômage (recul de la population active plus important que celui de l’emploi total) et le nouvel allongement de la durée moyenne du chômage. Parmi les bonnes surprises, il y a : la nouvelle remontée de la durée hebdomadaire du travail, la belle progression de 0,3 % sur le mois des salaires horaires nominaux et la bonne tenue de l’intérim.
Sachant que mai marque le pic des embauches pour le recensement de la population, les prochains chiffres d’emplois seront beaucoup moins flatteurs. L’ampleur du contrecoup va dépendre pour partie de la tenue de l’emploi privé. Les chiffres de mars et avril ont été bons (respectivement 158k et 218k emplois créés), trop bons à en croire le petit chiffre de mai (qui porte à 100k la moyenne mensuelle des créations depuis le début de l’année) et d’autres indicateurs du marché du travail.
L’arrêt de la baisse des nouvelles demandes d’inscriptions hebdomadaires au chômage depuis le début de l’année est le signal le plus négatif. L’écart troublant entre les chiffres ADP et ceux du BLS s’est finalement corrigé par le recalage des seconds sur les premiers moins favorables. Les composantes « emplois » des enquêtes ISM suggèrent tout de même des créations nettes d’emplois autour de 100-150k. Si on a des interrogations sur sa vigueur et donc sur la vitesse de la baisse du taux de chômage (d’où le jugement encore réservé des ménages sur le marché du travail), la reprise de l’emploi privé ne fait néanmoins pas de doute. Le redressement des indicateurs d’offres d’emplois, de la durée hebdomadaire du travail et de l’intérim en atteste.
En avril, l’indice ISM sur le climat des affaires dans le secteur manufacturier avait atteint un plus haut depuis mai 2004, difficile à tenir sur la durée. Son léger repli en mai à 59,7 n’est donc ni anormal ni problématique. Ses principales composantes restent solidement ancrées en zone d’expansion (nouvelles commandes à 65,7, production à 66,6, emploi à 59,8). Seule la composante stocks a chuté de 49,4 à 45,6 sur le mois, signalant une contribution moindre du cycle des stocks à la croissance. Dans l’ensemble, l’enquête continue d’indiquer une croissance forte et solide de l’industrie. Le secteur non manufacturier, lui, poursuit sa timide croissance avec un indice ISM stable à 55,4 en mai. Ses rythmes de progression moins soutenus s’expliquent par un moindre bénéfice tiré de la reprise mondiale, via les exportations, et par une plus grande dépendance à la demande intérieure finale. Prises ensemble, les deux enquêtes pointent vers une croissance du PIB d’environ 3 % en annualisé au deuxième trimestre, loin des 6 % suggérés par le seul indice manufacturier mais un bon chiffre tout de même.
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