par Charlotte de Montpellier, Senior Economist chez ING France
L’inflation continue d’évoluer dans la bonne direction en France. Bien qu’attendu, le ralentissement de la croissance des prix est plus rapide qu’anticipé.
Un ralentissement plus rapide qu’anticipé
L’inflation continue d’évoluer dans la bonne direction en France, s’établissant à 3.1% en janvier 2024 contre 3.7% en décembre, selon l’Insee. Le reflux est plus marqué qu’attendu. La croissance de l’indice harmonisé, important pour la BCE, s’établit-elle à 3.4% contre 4.1% le mois précédent.
Bien qu’attendu, le ralentissement de la croissance des prix est plus rapide qu’anticipé. Les chiffres de janvier sont ainsi plus faibles que ceux prévus par l’Insee à la mi-décembre. La baisse des pressions inflationnistes est particulièrement marquée pour l’énergie (en hausse de 1.8% sur un an, contre 5.7% en décembre), mais aussi pour l’alimentation (+5.7% sur un an, contre +7.2% en décembre) et les produits manufacturés, dont les prix sont quasiment stables par rapport à janvier 2023 (+0.7% sur un an, contre +1.4% en décembre). Il s’agit donc clairement d’une évolution dans la bonne direction, qui devrait être accueillie avec soulagement par la BCE. Néanmoins, même si l’inflation devait être plus faible qu’attendu dans plusieurs pays européens, nous estimons que la BCE ne se contentera pas de ces données encourageantes pour procéder à des baisses de taux rapides. Nous tablons toujours sur une première baisse en juin et un total de 75 points de base sur l’année (25pb par trimestre). Par ailleurs, la hausse des prix des services en France a été plus forte en janvier, de 3.2% contre 3.1% le mois précédent.
Le reflux de l’inflation devrait continuer, mais ne sera pas forcément continu
Pour la suite, les indicateurs avancés suggèrent que le reflux de l’inflation se poursuivra au cours des prochains mois en France, même s’il ne sera pas forcément continu. En particulier, la contribution de l’énergie à l’inflation devrait à nouveau augmenter dans les prochains mois, en raison d’un effet de base moins favorable des prix des produits pétroliers et de la fin de différents mécanismes de soutien de l’Etat aux factures énergétiques. En particulier, la hausse de 10% des factures énergétiques des ménages en février devrait avoir un impact de l’ordre de 0.2 points de pourcentage sur l’inflation française. En outre, les enquêtes auprès des entreprises indiquent que les anticipations sur les prix de ventes ne se replient plus vraiment, et semblent même réaugmenter un peu. Cela indique que le reflux de l’inflation va être moins rapide dans les prochains mois, et qu’on ne peut exclure un sursaut de l’inflation sur certains mois. En particulier, l’inflation des services devrait rester dynamique au cours des prochains mois. Le reflux de l’inflation sera en outre probablement moins rapide en France que dans les autres pays européens.
In fine, nous estimons que l’inflation devrait rester proche des 3% pendant la première partie de l’année, avant de graduellement tendre vers 2% au deuxième semestre et rester proche de ce niveau en 2025. En moyenne sur l’année, l’inflation CPI pourrait être proche de 2.5%.