par Juliette Cohen, Stratégiste chez CPR AM
La BCE continue de préparer sa prochaine baisse de taux. « Nous n’avons pas discuté de baisses de taux …. mais nous avons commencé à discuter du retrait du biais restrictif ».
La BCE a laissé ses taux directeurs inchangés pour la 4ème fois consécutive, le taux de dépôt restant ainsi à 4%.
- Des progrès supplémentaires dans le processus de désinflation
Comme attendu, les prévisions d’inflation des économistes de la BCE sont revues en baisse, notamment de 2,7% à 2,3% pour 2024 et dans une moindre mesure pour 2025. Les prévisions d’inflation sous-jacente sont également revues en baisse sur tout l’horizon de prévision et celle pour 2026 se situe désormais à 2%.
Le maintien de taux élevés ne se fait pas en « sacrifiant » la croissance, puisque la prévision de croissance pour 2024 est révisée en baisse de 0,8% à 0,6% mais celle de 2026 est revue en hausse de 1,5% à 1,6%. - « Nous n’y sommes pas encore » La croissance des salaires négociés s’est modérée au 4ème trimestre 2023 mais cela constitue une bonne donnée et ne suffit pas à valider une tendance. D’autres données sont prises en compte par la BCE, notamment les enquêtes auprès des entreprises qui sont interrogées sur les facteurs limitant la production et leur difficulté à recruter. Christine Lagarde reconnait que la direction est la bonne concernant la dynamique d’inflation mais qu’elle n’est pas encore assez confirmée. Notamment, l’inflation domestique très liée aux services et aux salaires ne baisse pas. « Nous n’y sommes pas encore ». La BCE veut voir la croissance des salaires, qui a commencé à se modérer, poursuivre dans cette tendance. Les profits unitaires doivent également absorber une partie des hausses des salaires.
- « Nous en saurons un peu plus en avril et beaucoup plus en juin » Les dernières déclarations des membres du conseil des gouverneurs convergeaient largement pour indiquer une 1ère baisse des taux en juin 2024 mais Christine Lagarde a été beaucoup plus explicite lors de cette conférence de presse en soutenant que la BCE disposerait de beaucoup d’éléments supplémentaires sur le marché du travail en juin prochain pour décider d’un changement de cap. « Nous n’avons pas discuté de baisses de taux …. mais nous avons commencé à discuter du retrait du biais restrictif ….. ». A la question du rythme de baisse de taux qui serait envisagé, Christine Lagarde a répondu que la BCE ne s’engagerait pas sur le rythme de baisse de taux : « nous restons data dépendants ».
La conclusion de la revue du cadre opérationnel sera dévoilée le 13 mars.