France : une croissance sans moteur, un climat des affaires en demi-teinte

par Charlotte de Montpellier, Senior Economist chez ING

Le climat des affaires en France reste figé à 96 pour le troisième mois consécutif en août. Stable, certes, mais toujours en dessous de sa moyenne de long terme. Derrière cette apparente inertie se cachent des dynamiques sectorielles contrastées qui dessinent les contours d’une économie en quête de souffle.

Dans le commerce de détail, l’ambiance se dégrade brutalement : -7 points en un mois, plombée par des perspectives moroses et des intentions de commandes en berne. À l’inverse, le secteur du bâtiment reprend des couleurs, porté par un regain d’optimisme chez les entrepreneurs. L’industrie, elle, reste sur ses gardes, le climat des affaires restant stable, tandis que les services amorcent un léger repli.

De manière globale, ces données pointent vers une croissance économique assez stable au troisième trimestre 2025.

Faiblesses économiques sous-jacentes.

Sur papier, la croissance du PIB a été plutôt bonne en France au premier semestre compte tenu du contexte international perturbé, avec une croissance de 0.1% au premier trimestre et de 0.3% au deuxième trimestre, un chiffre meilleur que prévu. Mais derrière ces chiffres se cache une réalité plus fragile : la croissance française repose essentiellement sur les stocks. Leur contribution est sans appel : +0,7 point au T1, +0,5 point au T2. Sans eux, la croissance serait largement négative. La consommation privée recule, les investissements fléchissent, et les exportations nettes tirent la croissance vers le bas. Le moteur est fondamentalement en panne, et rien n’indique qu’il redémarrera rapidement.

Le marché du travail s’est nettement affaibli en France avec des destructions d’emplois nettes au cours des derniers trimestres et en août, le climat de l’emploi s’est encore affaibli selon l’enquête de l’Insee auprès des entreprises. Les craintes de chômage continuent d’être élevés chez les ménages, ce qui risque de maintenir le taux d’épargne à son niveau historiquement élevé. Les investissements restent peu dynamiques en raison des incertitudes et des taux à long terme élevés. La politique budgétaire devrait en outre devenir plus restrictive, pesant sur les dépenses publiques, et l’incertitude politique autour du vote du budget pourrait peser sur la confiance. A cela s’ajoutent les perturbations toujours importantes sur le commerce mondiale et l’appréciation de l’euro, ne permettant pas d’espérer que les exportations françaises redeviennent un moteur de croissance dans les prochains mois.

Dans l’ensemble, nous tablons toujours sur des perspectives modérées pour l’économie française. Nous anticipons une croissance de 0,1 % au T3 2025, 0,6 % pour l’ensemble de l’année 2025, et 0,8 % en 2026. Une trajectoire prudente, à l’image d’une économie qui avance sans élan.