par Charlotte de Montpellier, Senior Economist chez ING
En novembre, le climat des affaires et les indices PMI se sont légèrement redressés en France, portés par un regain d’optimisme dans les services. Ce rebond pourrait soutenir la croissance dans les prochains mois, malgré des signaux plus mitigés du côté industriel.
Selon l’Insee, l’indicateur du climat des affaires progresse à 98, contre 97 en octobre. Cette amélioration tient essentiellement au secteur des services, où la confiance gagne 3 points, portée par des anticipations plus favorables sur la demande et l’activité. L’indicateur PMI, également publié ce matin, confirme cette tendance : l’indice des services atteint son plus haut niveau depuis 15 mois, signe d’un rebond conjoncturel.
À l’inverse, l’industrie envoie des signaux préoccupants. Le PMI manufacturier recule à son plus bas depuis 9 mois, et le climat des affaires reflète un repli des carnets de commandes et des perspectives de production. Les entreprises de matériels de transport se montrent particulièrement pessimistes, après une phase de forte croissance. Après la forte croissance de ce secteur au cours des derniers mois, le dynamisme semble s’atténuer nettement, ce qui laisse présager une contribution industrielle plus faible dès le quatrième trimestre et en 2026. Même si une amélioration cyclique dans certains sous-secteurs industriels reste possible, le ralentissement du transport pèsera sur la croissance globale. Le climat des affaires se replie également un peu dans le commerce de détail, mais reste nettement supérieur au niveau de septembre.
Perspectives : croissance limitée en 2026
Globalement, l’économie française apparaît contrastée : l’industrie, notamment aéronautique, voit son élan s’essouffler, tandis que les services profitent d’un regain de confiance. Ce sursaut, favorisé par une accalmie politique malgré l’absence de budget 2026 voté, pourrait soutenir la consommation au quatrième trimestre. Toutefois, cette dynamique repose sur des bases fragiles et pourrait s’éroder rapidement.
L’incertitude budgétaire restera un frein majeur. Nous anticipons qu’aucun accord budgétaire ne sera trouvé avant la fin de l’année, ce qui entraînera une prolongation du budget 2025 en 2026. Des mesures restrictives seront ensuite introduites progressivement en 2026, mais il est peu probable que le déficit recule à 4,6 % du PIB comme promis par le gouvernement (5% semble plus probable, après 5,4 % en 2025). La politique budgétaire plus restrictive limitera la croissance française, qui devrait rester inférieure à la moyenne européenne : nous attendons 0,9 % de croissance du PIB en 2026 après 0,8 % en 2025, contre 1,1 % attendu pour la zone euro en 2026 (après 1,4 % en 2025). En résumé, si le rebond des services offre un répit, la politique budgétaire restrictive annonce une trajectoire modérée pour l’économie française.
