par Maarten-Jan Bakkum, Stratégiste Senior Marchés Emergents chez ING Investment Management
Depuis la crise du crédit de 2008, deux choses sont devenues évidentes : premièrement, les perspectives de croissance des Etats-Unis et de l’Europe restent pour l’instant peu brillantes et, deuxièmement, la croissance des pays émergents est de plus en plus insensible à cette situation. Compte tenu de l’attente d’une croissance modérée pendant plusieurs années dans les pays développés et sachant que les autorités monétaires continueront à faire de leur mieux pour éviter la déflation, il est prudent pour les investisseurs de conserver une large surpondération des marchés émergents, voire d’augmenter leur exposition à ces marchés à plus haut risque. Ceci est la seule façon de bénéficier d’une croissance organique relative et de la forte croissance de la liquidité mondiale.
Les marchés affichant les meilleures perspectives en matière de croissance de la demande domestique sont l’Indonésie, l’Inde et l’Egypte. Dans ces pays, la croissance économique est tirée à la fois par les développements démographiques favorables, la déréglementation économique et des systèmes financiers relativement sains. Ces trois pays sont clairement moins sensibles que les autres marchés émergents aux fluctuations de la croissance dans le monde développé. La croissance de la consommation ainsi que la croissance des investissements pourrait bien y dépasser les 10% pendant plusieurs années.
La Chine fait également toujours partie des économies affichant le taux de croissance le plus rapide au monde, en dépit d’un ratio d’endettement plus élevé et de la détérioration de sa structure démographique au cours des prochaines années. La croissance du PIB devrait y ralentir progressivement, pour passer de près de 10% aujourd’hui à environ 7% dans cinq ans. Pour l’instant, l’attrait du marché chinois des actions découle surtout de l’attente d’un assouplissement plutôt que d’un resserrement de la politique économique chinoise au cours des prochains trimestres, des perspectives encourageantes pour les flux de capitaux et du simple fait que les actions chinoises ont été cette année à la traîne par rapport à celles des autres marchés émergents.
Le Brésil et la Russie sont deux autres marchés qui ont moins bien performé que la moyenne en 2010. Ces deux pays partagent une même caractéristique : le risque. Au sein de l’univers des marchés émergents, le Brésil et la Russie affichent le bêta le plus élevé, ce qui signifie que ces deux marchés performeront probablement bien dans le contexte actuel tiré par les liquidités. Dans le cas du Brésil, deux autres facteurs rendent le marché attrayant : la continuité attendue de la politique économique sous Dilma Rousseff, le probable vainqueur des élections présidentielles, et les perspectives prometteuses pour la croissance des investissements au cours des prochaines années.
Cela fait longtemps que les quatre marchés BRIC n’ont plus été attrayants simultanément. Il s’agit toutefois d’une coïncidence. Les investisseurs ont tout intérêt à avoir une perspective globale en matière de marchés émergents (“GEM”). Les solides performances récentes de l’Indonésie, de la Colombie, du Pérou et de la Turquie confirment que les investisseurs qui se limitent aux quatre marchés BRIC ratent les meilleures opportunités. L’année 2010 a été révélatrice à cet égard : trois des quatre marchés BRIC ont moins bien performé que l’indice GEM, tandis que huit plus petits marchés ont surperformé l’indice de plus de 20 points de pourcentage.