Par Vincent Ganne, analyste chez IG Markets France
En politique monétaire, il convient d’utiliser des qualificatifs précis pour bien situer les différences entre grandes zones monétaires. En Europe, il s’agit d’une politique monétaire accommodante, caractérisée par des taux faibles mais qui ne tendent pas vers 0. Aux Etats-Unis, la politique monétaire est expansionniste et conjugue des taux courts à 0 et une augmentation significative du bilan de la FED, une phase de création monétaire avec une part importante de fausse monnaie.
Le « stock » de Bons du Trésor détenus par la FED s’élève à près de 800 milliards de $ au début du mois de novembre 2010. Lors des huit prochains mois, la FED déclare vouloir acheter 600 milliards supplémentaires, soit une augmentation historique de sa part dans la dette fédérale américaine.
D’ici le milieu de l’année prochaine, la FED détiendra donc 1400 milliards de Bons du Trésor, soit 10% de la dette publique US. Cette proportion est significative, l’heure n’est pas à la consolidation budgétaire, différence majeure avec l’Europe.
Les conséquences évidentes sur les marchés financiers
La première conséquence d’une politique monétaire expansionniste est le maintien de manière durable de taux d’intérêt faibles sur tous les horizons de temps. La seconde conséquence, c’est l’envolée des actions, alternative principale dans la recherche de performance des portefeuilles.
Le marché actions s’est désolidarisé d’un grand nombre de déterminants classiques pour s’en tenir à l’essentiel, la rentabilité des entreprises et le cycle des taux. La combinaison de ces deux facteurs est plus aisée à suivre et la réaction des actions depuis mercredi 3 novembre confirme ce point de vue.
On peut aussi noter que la décision de la FED a permis la fin d’une longue consolidation latérale du pétrole, la convergence de tendance haussière INDICES/MATIERES PREMIERES/EURUSD est désormais sans failles.
Les conséquences moins évidentes sur l’économie réelle
Il existe bel et bien un risque de « trappe à liquidités ». Les taux sont très bas, les banques commerciales peuvent se refinancer facilement, les consommateurs sont incités (indirectement) a s’endetter pour investir et les entreprises ont accumulé cette année plusieurs centaines de milliards de $ d’actifs de trésorerie. Pour ces dernières, force est de constater l’impact presque insignifiant en terme de créations d’emplois chez nous. De la trésorerie, des rachats d’actions, des fusions, des rapprochements et des investissements dans les zones émergentes et émergées, il reste au final peu de place pour les créations d’emplois en Occident. C’est une question de confiance, voilà un paramètre 100% non monétaire.
Finalement, la démarche la plus efficace pour resserrer le lien entre politique monétaire et emplois est une politique monétaire au service de l’expansionnisme budgétaire. Au bout de combien d’années la charge de l’intérêt deviendra intenable pour l’Etat fédéral ?…
L’administration OBAMA ne se pose pas encore la question, il est bien trop tôt et un vaste programme d’investissements dans les infrastructures devrait être lancé.
Sous cet angle, les conséquences de l’expansionnisme monétaire sur l’emploi deviennent plus lisibles. Des investissements massifs dans la Construction créeront des emplois, l’impact sera visible.
Panorama des marchés actions
Portés par cette politique monétaire, les marchés actions sont haussiers à moyen/long terme, l’analyse technique dévoile une convergence de signaux techniques positifs. Le DAX 30 offre une configuration très attrayante pour un investisseur européen et son homologue américain appréciera de voir enfin le S&P 500 s’affranchir de ses obstacles graphiques post LEHMAN BROTHERS.
Le CAC 40 est nettement plus faible mais l’analyse graphique donne deux objectifs d’ici la fin de l’année, 3960 points et 4100 points.