La croissance freine au 3e trimestre, mais ne cale pas

par Axelle Lacan, économiste au Crédit Agricole

  • Après avoir affiché un taux de croissance dynamique de 0,7 % t/t au 2e trimestre, l’activité devrait ralentir en France au 3e trimestre. Toutefois, le tassement suggéré par les indicateurs avancés du Crédit Agricole est moins fort qu’initialement anticipé. Nous relevons donc notre prévision de +0,2 % t/t à +0,4 % t/t pour le 3e trimestre.
  • Les enquêtes de conjoncture témoignent d’une amélioration du climat des affaires sur le trimestre. Les données d’activité sont également plutôt positives (hausse de la consommation des ménages en produits manufacturés et légère progression de la production industrielle).
  • L’incertitude porte sur l’investissement des entreprises.

 

Les enquêtes de confiance publiées par l’Insee font état d’une amélioration du climat conjoncturel en France au 3e trimestre. Dans l’industrie, l’indice de confiance gagne 3 points sur le trimestre, à 99 en septembre. La composante relative à la production passée perd certes 10 points, à 10 en septembre, mais elle se maintient au-dessus de sa moyenne de long terme (5). Les carnets de commandes globaux comme étrangers continuent à se regarnir, bondissant respectivement de 12 et 13 points entre juin et septembre. Les perspectives personnelles et générales de production s’améliorent sensiblement. Dans les services, l’amélioration du climat des affaires est un peu moins prononcée. L’indice de confiance ne gagne qu’un point sur le trimestre, après une hausse de 6 points sur le trimestre précédent. Dans le bâtiment, la situation conjoncturelle reste hésitante, même si peu à peu, elle s’éclaircit également (+2 points sur le trimestre).

Ce bilan plutôt positif est confirmé par les résultats des enquêtes PMI. Dans le secteur manufacturier, l’indice progresse d’un point sur le trimestre, à 56 en septembre. Dans les services, il recule de 2,6 points, mais reste cependant à un niveau élevé, à 58 en septembre. Au total, le PMI composite, qui avait progressé de 2,7 points au 2e trimestre, se stabilise à 57 en septembre, confortablement installé en zone d’expansion.

Le moral des ménages s’améliore également au 3e trimestre, alors qu’il se dégradait le trimestre précédent. L’indicateur résumé d’opinion des ménages gagne 3 points, à -35 en septembre. Si toutes les composantes sont en hausse, il est à noter que l’indice reste loin de sa moyenne de longue période, à -19.

Les données d’activité confirment le message véhiculé par les enquêtes. La bonne surprise vient notamment de la consommation des ménages en produits manufacturés (25 % de la consommation totale), en hausse de +1,2 % t/t sur le trimestre, après une baisse de -0,8 % t/t au trimestre précédent. Les ventes d’automobiles, en repli depuis le début de l’année, ont enfin enregistré une hausse en septembre (+11,2 % m/m). Les achats de textile-cuir ont, quant à eux, battu des records, avec un rebond de +4,5 % t/t au 3e trimestre, soit la plus forte progression trimestrielle depuis 1987. Côté offre, le bilan est plus nuancé. Au mois d’août, la production manufacturière est restée stable, après une hausse de +1,2 % m/m en juillet. En supposant une stagnation en septembre, elle progresserait de +0,4 % t/t au 3e trimestre, contre une hausse de +1,3 % t/t au 2e trimestre. 

Au total, l’indicateur avancé du Crédit Agricole basé sur les enquêtes suggère une croissance du PIB de +0,3 % t/t en France au 3e trimestre. L’indicateur basé sur les données d’activité est plus optimiste et signale une croissance de +0,6 % t/t. Nous relevons notre prévision de taux de croissance +0,4 % t/t. Nous tablons sur une progression plus marquée qu’initialement anticipé de la consommation privée (+0,5 % t/t, après +0,3 % t/t au 2e trimestre). Les variations de stocks devraient également contribuer positivement à la croissance (+0,3point).A l’inverse, la contribution du commerce extérieur resterait négative : les importations en valeur sont en effet particulièrement dynamiques depuis juillet, ce qui a pour conséquence de creuser le déficit (-4,9 milliards d’euros en août).

L’investissement des entreprises reste au final la composante la plus incertaine. Il avait largement surpris à la hausse au 2e trimestre. Nous pensons qu’il devrait continuer à progresser, mais à un rythme moindre. Ce rythme pourrait toutefois s’avérer un peu plus soutenu, le besoin de renouvellement et de modernisation du capital étant manifeste en cette sortie de crise.

Pour conclure, les premières informations disponibles pour le 4e trimestre suggèrent une croissance de l’activité de l’ordre de +0,3 % t/t, en ligne avec notre scénario.

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