par Ibra Wane, stratégiste chez Amundi Asset Management
La nouvelle flambée d’aversion au risque interroge au-delà de la conjoncture. Le potentiel de croissance des économies endettées et le niveau des taux longs sont également sur la sellette contribuant à relancer le débat en matière de valorisation du marché actions.
Après un plus haut à mi-avril, les marchés ont brutalement chuté, alors même que les résultats trimestriels avaient tenu leur promesse, que les valorisations étaient a priori sans excès et qu’une solution concertée pour la zone euro venait enfin d’être annoncée.
Cette nouvelle flambée d’aversion au risque s’est nourrie :
• d’un ensemble d’interrogations latentes sur la conjoncture :
- en Europe, les conséquences en chaîne de la réduction des déficits pourraient venir contrecarrer les repercussions à l’export de la baisse de l’euro,
- aux États-Unis, la reprise pourrait s’avérer plus fragile qu’il n’y paraît car certains effets d’entraînements, comme le cycle des inventaires et les multiplicateurs budgétaires et commerciaux, ont vocation à s’atténuer,
- enfin, le momentum très soutenu des pays émergents pourrait s’infléchir du fait des resserrements préventifs et de l’appréciation de leurs monnaies.
• d’incertitudes quant au régime de croissance à long terme des économies développées dans un contexte de désendettement : si la zone euro est aujourd’hui dans l’œil du cyclone, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Japon sont également concernés au premier chef.
• de l’effet “caisse de résonnance”, spécifique au marché actions, celui-ci étant une nouvelle fois le réceptacle de déséquilibres nés en dehors de son sein : le risque souverain en 2010 après les subprimesen 2008…
Par ailleurs, au lieu des interrogations classiques sur la visibilité et la croissance des résultats, s’est peu à peu substitué un débat sur le niveau des taux d’intérêt à long terme. Et celui-ci fragilise l’argumentaire traditionnellement favorable en matière de valorisation. Certes, si les taux longs devaient venir à s’apprécier du fait d’une insuffisance globale d’épargne, la prime de risque Actions – aujourd’hui très généreuse –serait alors à relativiser.
En Europe où la croissance est rare, nous privilégierons à la fois :
• les pays où la détérioration des finances publiques a été contenue et qui sont crédibles en matière de restauration de leurs comptes publics et de leur compétitivité externe,
• les secteurs à même de tirer un avantage durable de la modération de l’euro et du dynamisme des pays émergents.