par Daniel Lebègue, Président de l’Institut Français des Administrateurs (IFA)
L’arrêté des comptes 2011 s’annonce particulièrement délicat, compte tenu de la conjoncture économique et financière. De nombreuses questions se posent aux conseils d’administration et plus particulièrement aux comités d’audit, ainsi qu’aux directeurs financiers et commissaires aux comptes.
Trois points doivent faire notamment l’objet d’une vigilance accrue de leur part :
1 – Les tests de dépréciation des actifs dans un environnement marqué par la baisse des bourses mondiales, la crise des dettes souveraines européennes et les difficultés affichées sur d’autres classes d’actifs financiers : hedge funds, fonds LBO, immobilier (aux EU, en Espagne, en Chine…). Les entreprises dont les actifs sont investis, en partie, sur des produits de ce type, seront impactées au plan comptable. Elles sont, en effet, tenues par des normes comptables internationales de procéder à des tests de valorisation (impairments) des actifs et de certains passifs financiers inscrits dans leur bilan.
2 – La solidité du bilan de l’entreprise et sa capacité à lever des fonds est la deuxième grande problématique de cette fin d’année. De fait, l’arrêté des comptes est le moment où l’on analyse les grands équilibres du bilan de la société. Dispose-t-elle d’assez de fonds propres ? Sera-t-elle en mesure, dans les mois et les années à venir, de trouver des ressources pour faire face à une baisse de revenus, financer des investissements, refinancer la dette arrivée à échéance, etc. ? Compte tenu de l’ankylose des marchés de capitaux et du coût accru de l’endettement, il s’agit là d’une question majeure pour le directeur financier. Certains marchés boursiers sont pour l’instant fermés au financement des entreprises sous forme d’augmentations de capital. Il leur faut alors faire l’inventaire de toutes les possibilités de recours à l’endettement. En tout état de cause, le directeur financier, en liaison avec le comité d’audit, va tout mettre en œuvre pour réduire les sorties nettes de cash : projets repoussés à plus tard, strict contrôle des dépenses courantes, accélération des règlements clients. Certaines entreprises en difficulté peuvent aussi, même si on entre alors dans un cercle vicieux, choisir de retarder le paiement de leurs créances.
3 – La situation financière des contreparties, c’est-à-dire des clients, des fournisseurs, des sous-traitants avec lesquels travaille l’entreprise est également un point important qui va être regardé avec attention par le directeur financier, les commissaires aux comptes et les administrateurs. Les difficultés financières des partenaires habituels de l’entreprise peuvent bien entendu avoir un impact sur celle-ci.
En bref, l’arrêté des comptes sera cette année particulièrement crucial pour de nombreuses entreprises, qui se préparent à affronter une année 2012 pleine de risques et d’incertitudes. La gestion financière de l’entreprise peut être assimilée à la conduite par temps de brouillard : le manque de visibilité, auquel s’ajoute l’entrée en vigueur de nouvelles règles du code de la route avec les normes IFRS, conduit à privilégier la sécurité et le pilotage serré des risques. Prudence et contrôle des risques sont les maîtres mots du moment… C’est particulièrement vrai pour les PME-ETI, alors même que nombre de grandes entreprises bénéficient toujours d’une situation financière solide.