Asie : où investir ?

par Lale Akoner, Stratégiste chez BNY Mellon Investment Management

Le paysage des investissements, en particulier dans les marchés émergents, est de plus en plus mitigé. Il existe des divergences importantes entre les performances des marchés et les perspectives des différents pays, qui se manifesteront au cours de l’année à venir.

Fondamentalement, les investisseurs qui s’intéressent aux marchés émergents doivent tenir compte de trois piliers clés lorsqu’ils évaluent les pays et les secteurs dans lesquels investir. 

1. La vitesse de déploiement des vaccins par rapport au nombre de nouvelles infections

La rapidité du déploiement de la vaccination en Asie du Nord fait de cette région la grande gagnante parmi les pays émergents, avec la Chine et la Corée du Sud menant la reprise.  Bien que Taïwan et Singapour aient récemment renforcé leurs restrictions, cela ne devrait pas avoir d’impact négatif à long terme sur leurs économies respectives, car ces mesures devraient être de courte durée.

2. Les perspectives de politique monétaire et fiscale

L’Asie se trouve dans une bonne situation d’un point de vue des politiques monétaires et fiscales car la majorité des pays la composant (et surtout la Chine) peuvent se permettre de durcir leurs politiques en cas de pressions inflationnistes trop fortes. La Chine est bien positionnée car elle a réussi à contrôler la pandémie et peut donc se permettre de durcir sa politique si nécessaire.

3. Les facteurs de risque idiosyncratiques et spécifiques à chaque pays

Certains pays ont une dette élevée en dollars, de faibles réserves de change et des déficits jumeaux : il s’agit de pays émergents soumis à des contraintes idiosyncratiques qui seront perdants dans un scénario de réduction progressive de la dette.

Cependant, il existe encore des opportunités pour les investisseurs s’intéressant aux économies émergentes, en particulier en Asie. Les obligations chinoises notamment, grâce au potentiel d’augmentation des flux internationaux offrent toujours des rendements réels et nominaux attrayants. La faible dépendance de la Chine aux taux mondiaux maintient les opportunités, alors même que les rendements américains augmentent légèrement.

De plus, la reprise de la consommation chinoise maintient son économie dans une bonne position. Deux tendances à long terme se dégagent dans les secteurs de la croissance et de la valeur.

La première est une croissance qualitative, axée sur la consommation, où les secteurs séculaires seront favorisés. 

La seconde provient de la façon dont la digitalisation va modifier le comportement des consommateurs. Le croisement de ces deux tendances met en lumière les secteurs dans lesquels investir : l’éducation en ligne, les assurances et la technologie, le commerce électronique, les jeux en ligne, les services en ligne destinés aux consommateurs.

Enfin, Taïwan et la Corée ont un bêta haut par rapport à la reprise chinoise. Ils sont également aidés par la reprise de la demande mondiale, en particulier celle des semi-conducteurs.

L’amélioration des relations commerciales entre les États-Unis et l’Asie a également été rendue possible grâce à  l’élection de Biden. Cela a contribué à réduire l’incertitude, grâce à une approche plus multilatérale, prévisible et fondée sur des règles, créant un meilleur environnement pour les marchés émergents, en particulier pour les économies asiatiques dépendantes du commerce international. 

Dans l’ensemble, bien que des risques subsistent, il faut être optimiste quant aux perspectives de reprise économique globale des pays émergents. Les investisseurs peuvent trouver des opportunités dès lors qu’ils sont prêts à jouer un rôle actif dans la gestion de leurs investissements dans les pays émergents.