par Olivier Robert, Directeur de la gestion Taux chez BFT IM
En prévision de la baisse hautement probable des taux directeurs en zone euro, les investisseurs doivent optimiser sans attendre leur stratégie obligataire de court terme. Au risque de se positionner trop tard sur ce type de placements une fois que les taux auront déjà baissé significativement.
Le cycle de hausse des taux commencé en juillet 2022 a vécu. Les marchés anticipent une première baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) lors de la prochaine réunion mensuelle, le 6 juin. Les investisseurs ont cependant revu leurs prévisions, n’anticipant plus désormais que trois mouvements de baisse au cours de l’année 2024 contre sept en fin d’année dernière. Par ailleurs, la courbe des taux actuellement inversée présente une situation anormale avec un taux EST€R (au jour le jour) qui culmine, mi-mai, à 3,90% et incite les investisseurs obligataires à se positionner sur des placements à court terme plutôt que sur des échéances plus longues.
Dans ce contexte, le changement de cap des banques centrales doit-il pousser les investisseurs en quête de rendement à modifier leur allocation ? Concernant le compartiment Investment Grade (IG), le taux du crédit sur les maturités 1-3 ans atteint des plus hauts historiques depuis 2008 mais essentiellement grâce à la composante taux alors que les spreads de crédit restent à des niveaux stables sur la moyenne des dix dernières années. Pour les échéances plus longues de l’univers IG, la courbe des taux est légèrement inversée. Les investisseurs ont donc intérêt à rester positionnés sur ce compartiment avec des échéances de court terme 1-3 ans.
Des émissions peu nombreuses sur le marché primaire obligataire court terme
Les marchés obligataires connaissent actuellement un environnement porteur soutenu par l’amélioration de la conjoncture en Europe et la baisse de l’inflation conjuguées aux résultats globalement corrects des entreprises. Depuis le début de l’année, le marché primaire s’avère particulièrement dynamique mais les émissions sont concentrées le plus souvent sur des maturités longues. Sur les maturités les plus court terme, l’offre est plus faible et la demande reste forte : ces obligations bénéficient donc d’un environnement privilégié.
De plus, ces mêmes obligations permettent de bénéficier d’un taux de portage élevé qui constitue un moteur de performance si les taux varient peu mais quiprotègent également l’investisseur en cas de hausse de taux ou d’écartement des spreads.
Pour autant, dans une situation de courbe inversée, et d’anticipation de désinversion de courbe à terme, se positionner sur la partie courte de la courbe est la meilleure façon de profiter du potentiel offert par de futures baisses de taux. A condition pour les investisseurs de ne pas prendre le risque d’investir trop tard … Effectivement, en cas d’emballement du marché à la baisse des taux, le portage des obligations court terme pourrait baisser et empêcherait ainsi l’investisseur de profiter des caractéristiques actuelles de ces obligations.