par Franck Dixmier, Global CIO Fixed Income chez Allianz Global Investors
• La Banque centrale européenne ne devrait pas annoncer de nouvelles mesures de politique monétaire lors de sa réunion du 29 octobre.
• Face à la détérioration des perspectives économiques et la faiblesse de l’inflation dans un contexte d’aggravation de la crise sanitaire, Christine Lagarde devrait toutefois affirmer fortement sa volonté de prendre des dispositions supplémentaires de soutien monétaire à la fin de l’année.
• Un message fort en ce sens devrait être favorable à la réduction des spreads de la périphérie.
Le ton de la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) du 29 octobre devrait être résolument pessimiste. La BCE devrait souligner la dégradation des perspectives macro-économiques du fait des nouvelles restrictions liées à l’aggravation de la crise sanitaire, et ses inquiétudes face à un possible double-creux (double dip) pour la croissance. De fait, le PMI composite, qui combine l'activité des services et celle du secteur manufacturier, s'affiche à 49,4 en octobre, soit sous le seuil des 50 séparant la contraction de la croissance, après avoir atteint 50,4 en septembre. La Banque centrale devrait également réitérer ses inquiétudes vis-à-vis de la trajectoire d’inflation, déjà exprimées dans les Minutes du meeting de septembre. Celle-ci reste très éloignée de sa cible, avec un Consumer Price Index (CPI) à -0.3% sur un an et un core CPI à +0.2% en septembre, et devrait le rester en 2021 voire 2022. Un contexte favorable à une amplification du soutien monétaire.
Nous n’anticipons toutefois pas de nouvelles mesures dès le 29 octobre. A cela, trois arguments :
- La réunion de décembre sera l’occasion pour la BCE de mettre à jour ses projections macro-économiques, un moment plus propice à des annonces.
- Elle aura davantage de recul face aux risques politiques prégnants ces dernières semaines, tels que le Brexit et les élections américaines, ainsi que sur l’évolution de la pandémie.
- Enfin, le Pandemic Emergency Purchase Programme (PEPP) conserve encore sa puissance de feu, et il n’y a donc pas d’urgence à agir.
Toutefois, en termes de forward guidance, nous attendons un message fort de la part de Christine Lagarde concernant sa volonté de mettre en œuvre des mesures supplémentaires de soutien à la fin de l’année. Celles-ci devraient inclure une extension du PEPP de juin à décembre 2021 et un accroissement de son programme d’achats afin de répondre aux émissions souveraines records attendues en 2021, ainsi que de nouvelles conditions favorables pour les T-LTROs.
Il est probable que l’extension du PEPP provoque des débats internes au conseil des gouverneurs de la BCE. De fait, l’ancien clivage entre colombes et faucons a refait surface. Christine Lagarde, qui privilégie la recherche du consensus, aura fort à faire pour trancher un débat, déjà ancien, sur le risque de voir qualifier une politique d’achat d’emprunts d’Etats encore plus agressive comme un financement monétaire des déficits publics, prohibé par les traités.
Les marchés, qui anticipent très légèrement une baisse des taux, pourraient être déçus. Mais un message fort sur les dispositions à venir devrait être favorable à une réduction des spreads de la périphérie.