par Maarten-Jan Bakkum, Stratégiste Senior Marchés Emergents chez ING Investment Management
Sur les marchés financiers, le développement le plus important de ces derniers mois est sans aucun doute la nouvelle politique monétaire menée par le Japon, laquelle a entraîné une substantielle dépréciation du yen. Ceci constitue une bonne nouvelle pour les perspectives de croissance du Japon. Les nouvelles injections de liquidités devraient stimuler la demande domestique, tandis que le repli du yen soutiendra le secteur exportateur. Quelles sont toutefois les implications pour le reste du monde, et en particulier pour les marchés émergents qui, tout comme le Japon, sont largement tributaires de la croissance de leurs exportations?
Le changement de cap à Tokyo pourrait être bénéfique pour le monde pris dans son ensemble. Après la Fed, la BoE et, dans une moindre mesure, la BCE, une banque centrale majeure de plus actionne sa presse à billets. Si ceci conduit à une accélération de la croissance économique au Japon, d’autres pays devraient pouvoir en profiter. Qui plus est, l’exemple du Japon pourrait encourager la BCE et d’autres banques centrales plus conservatrices à mener une politique plus dynamique. La nouvelle politique du Japon augmente globalement la probabilité que la croissance des liquidités mondiales demeure solide.
Ceci devrait être positif pour les marchés émergents les plus tributaires des capitaux étrangers pour financer les déficits de leur balance courante. Ceci est également susceptible de donner une nouvelle impulsion aux marchés obligataires des marchés émergents, bien que les obligations des marchés émergents ne soient plus relativement bon marché et que les risques liés à cette classe d’actifs aient augmenté en raison des déséquilibres macroéconomiques accrus dans plusieurs pays importants.
Les développements au Japon et notamment l’affaiblissement du yen ont surtout un impact sur le reste de l’Asie. La dépréciation du yen de 21% par rapport au dollar en l’espace de quatre mois est bien sûr énorme.
Durant la même période, seuls le won coréen et le dollar taiwanais ont également vu leur valeur diminuer, mais à peine de respectivement 5% et 3%. La perte de compétitivité des pays exportateurs d’Asie de l’Est pose un problème car la croissance économique est déjà sous pression et la croissance du commerce mondial a nettement ralenti et devrait rester faible par rapport à quelques années d’ici. On peut dès lors s’attendre à ce que la plupart des pays asiatiques fassent tout ce qui est dans leur pouvoir pour ramener leur devise dans le sillage du yen. Par conséquent, l’appréciation des devises ne constituera plus un thème d’investissement pour la région. Des craintes inflationnistes pourraient également refaire surface si la politique monétaire devient encore plus souple que ce qu’elle est maintenant. Les capitaux internationaux seront dès lors encore plus critiques qu’ils ne l’étaient auparavant à l’égard des marchés d’actions de l’Asie émergente en raison des doutes croissants quant aux perspectives de la croissance chinoise.