Il faut changer le CAC 40

De tous les grands indices boursiers occidentaux, le CAC 40 a réalisé la pire performance sur la décennie 1999-2009 avec un recul de 34% contre -14% pour le DAX allemand, -22%

De tous les grands indices boursiers occidentaux, le CAC 40 a réalisé la pire performance sur la décennie 1999-2009 avec un recul de 34% contre -14% pour le DAX allemand, -22% pour le FTSE britannique, -24% pour le S&P 500 et -9% pour le Dow Jones Industrials aux Etats-Unis. Si on excepte le Nasdaq Composite (-44%), qui regroupe des valeurs technologiques forcément plus spéculatives et donc volatiles, seul le Nikkei japonais a fait pire (-44%).

Le CAC 40 a touché un sommet à 6.922,33 points (en clôture) le 4 septembre 2000 et s’il a rebondi les années suivantes il n’a pas pu faire mieux que 6.168,15 points le 1er juin 2007. Le Dow Jones avait chuté après son record de 11.722,98 points du 14 janvier 2000 mais il a repris sa progression à partir de 2004 pour établir un nouveau record à 14.164,53 points le 9 octobre 2007.

Aux cours de clôture de fin 2009, le Dow Jones se situe 26% en dessous de son record historique tandis que le différentiel est de 43% pour le CAC 40.

Comment expliquer cet écart entre deux indices supposés refléter leur économie nationale ? Pour une raison essentielle : le CAC 40 est un indice virtuel en ce sens qu’il ne reflète pas vraiment l’économie nationale. Le marché boursier français est un marché “suiveur” par rapport à la Bourse de New York : il évolue en fonction de l’évolution de Wall Street.

Pour obtenir une partie de la manne des investisseurs américains, les autorités boursières françaises ont tout fait ces dernières années pour essayer de les séduire, allant jusqu’à ouvrir la Bourse de Paris pratiquement tous les jours fériés, y compris le 14 juillet. Conséquence logique de ce mouvement : Euronext, qui gère la Bourse de Paris, a été racheté par le New York Stock Exchange (NYSE) et des fonctions boursières quittent Paris pour d’autres cieux dans le cadre d’une politique de restructuration visant à améliorer les résultats financiers de la nouvelle entreprise.

Parallèlement, depuis une quinzaine d’années, la composition du CAC 40 a fluctué souvent pour suivre les modes d’outre-Atlantique : sur-représentation des valeurs technologiques à la fin des années 1990, sur-représentation des valeurs bancaires au milieu de la décennie écoulée. A chaque éclatement de bulles boursières spéculatives, la contre-performance du CAC 40 a été pire que celle des autres grands indices occidentaux pour la simple raison que les valeurs concernées étaient sur-représentées dans l’indice français.

Aucune leçon n’a été tirée ces dernières années. On pourrait penser qu’il s’agit d’un problème à régler entre spécialistes. Erreur : l’évolution du CAC 40 est suivie chaque jour par pratiquement tous les médias. Les contre-performances ont pour conséquence d’éloigner à chaque fois les Français de la Bourse. La méfiance des Français est dommageable car en investissant en Bourse ils financeraient l’économie productive d’autant qu’il n’y a pas en France d’outils comme les fonds de pension pour collecter des fonds placés ensuite dans une optique de long terme. La conséquence de cette situation est que le capital des sociétés faisant partie du CAC 40 est détenu en moyenne à plus de 50% par des investisseurs étrangers. Pour résumer, les dividendes des entreprises françaises servent à payer les retraites des salariés américains. Un changement s’impose donc pour que le principal indice boursier français reflète davantage l’économie française.