En ce début d’année, plus personne ne parle de risque de récession économique mondiale alors que le sujet était largement débattu au milieu de l’année 2019 en raison de la durée inhabituelle de la phase d’expansion en cours aux Etats-Unis, qui est dans sa onzième année.
Ainsi, le Fonds monétaire international (FMI) n’a révisé à la baisse que de 0,1 point sa prévision pour la croissance mondiale à 3,3% pour 2020 et que de 0,2 point à 3,4% pour 2021.
Le consensus ZoneFinance/Globalix, réalisé auprès des sociétés de gestion, table sur un taux de 3,1% en 2020 comme en 2021. Les Etats-Unis, qui ont entamé la reprise en 2009, demeurent un moteur puissant (1,8% attendu en 2020 et 1,5% en 2021). Au troisième trimestre 2019, la croissance a atteint 1,9% (contre un consensus de 1,6%), la consommation des ménages et les exportations ayant compensé le recul de l’investissement des entreprises.
A l’inverse, la zone euro ne sait toujours pas comment renouer avec un cycle d’expansion robuste (1,1% attendu en 2020, 1% en 2021).
La vraie interrogation porte sur la Chine, qui pilote un changement de modèle moins dépendant des exportations et plus assis sur la demande interne qui entraîne un ralentissement. Cette évolution semble maîtrisée dans un contexte de tassement du commerce mondial, le consensus ZoneFinance/Globalix tablant sur 6% en 2020 et sur 5,7% en 2021.
L’épidémie de coronavirus, qui sévit dans la province de Hubei, dans le centre du pays, et qui inquiète la planète, pourrait-elle avoir un impact négatif ? Les autorités ont procédé à l’isolement de 56 millions de personnes et les festivités du nouvel an lunaire ont été annulées. Or, les Chinois dépensent massivement durant cette période (plus de 1.000 milliards de yuans, soir 150 milliards de dollars en 2019).
Cette épidémie relance le débat sur la prise en compte des risques par les investisseurs. Car, ni les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, ni le Brexit, ni les conflits géopolitiques, en particulier au Moyen-Orient, n’ont provoqué d’inquiétude parmi les investisseurs. Pour preuve, les taux longs sont restés bas et les marchés d’actions ont établi de nouveaux records. Cette situation peut-elle durer ? Le consensus n’anticipe pas une correction à ce stade. Tout au plus peut-on parler de stabilisation.
Selon plusieurs spécialistes interrogés, le risque le plus important aujourd’hui pour les marchés financiers serait une défaite de Donald Trump à l’élection présidentielle de novembre prochain. En réduisant massivement les impôts pour les plus riches et en promettant de nouvelles mesures fiscales en cas de nouvelle victoire, le chef de la Maison Blanche a séduit les investisseurs. Cela étant, une victoire démocrate avec un plan de relance, dans les infrastructures par exemple, pourrait doper les indices.
Dans ce contexte, peut-on encore parler de cycle ? L’économie américaine est en expansion depuis 126 mois, un record. Le précédent, de 120 mois, avait été établi entre 1991 et 2001. En moyenne, selon les statistiques de National Bureau of Economic Research (NBER), les cycles de croissance sont en moyenne de 59 mois aux Etats-Unis.
Oui, mais cette fois, c’est différent, serait-on tenté de dire. D’abord, la croissance moyenne est inférieure à ce qu’elle était précédemment. En cause, les changements démographiques, avec un vieillissement de la population dans les économies dévéloppées mais aussi en Chine, et une nouvelle économie « en temps réel », qui semble supprimer les stocks.
Grâce aux technologies de la communication, les industriels peuvent produire en fonction de la demande en mobilisant les usines à travers le monde. Ce modèle est en outre désinflationniste. Seul problème : en cas de crise majeure, géopolitique ou sanitaire, la machine se grippe. Et on ne sait pas quelles pourraient en être les conséquences…