Les principaux indices boursiers enregistrent des hausses exceptionnelles depuis le début de l’année. Si les spécialistes se montrent désormais prudents sur les Etats-Unis, ils estiment que la progression va se poursuivre en Europe, où la reprise, favorisée par la baisse de l’euro et du prix du pétrole, devrait doper les bénéfices.
Depuis le début de l’année, le CAC 40 est en hausse de 20%, le Dax allemand de 19%, le FTSE MIB italien de 21% par exemple. Le Nikkei japonais gagne 13% et a pratiquement retrouvé son niveau du début des années 2000. Quant au Shanghai Composite chinois, il est à +33%%, soit un doublement (111%) au cours des 12 derniers mois.
Si les indices américains Dow Jones Industrials (0%), S&P 500 (1%) et Nasdaq Composite (4%) affichent des gains moindres, il ne faut pas oublier qu’ils avaient enregistré de belles performances en 2014 et qu’ils battent record sur record. Le FTSE britannique n’avance que de 6%, du fait des interrogations sur l’économie locale et alors que l’incertitude règne au sujet des élections générales qui ont lieu en mai.
Au vu de ces chiffres, on peut se demander si contrairement à ce que prétend l’adage boursier, les arbres ne montent pas jusqu’à ciel. « A moins que ce soit le ciel qui descende un peu plus chaque jour », plaisante un responsable de la gestion.
Les marchés actions reflètent normalement la santé des entreprises, qui, elles-mêmes, sont soutenues par la vigueur de l’économie. Les Etats-Unis viennent de connaître leur sixième année d’expansion après la crise de 2007/2008. Pas étonnant que les indices boursiers aient reflété cette bonne santé jusqu’ici. Les spécialistes jugent que le potentiel de hausse outre-Atlantique est désormais limité alors que les valorisations des entreprises cotées sont très élevées en termes de ratio cours/bénéfice.
Même si l’économie européenne patine et que toutes les interrogations ne sont pas levées, en particulier au sujet de la Grèce, dont la sortie de la zone euro pourrait avoir un effet domino, les marchés boursiers européens ont progressé ces dernières années grâce aux liquidités abondantes déversées par les banques centrales.
Et la hausse devrait se poursuivre cette année. Comme le résume Jeanne Asseraf-Bitton, directrice de la recherche Cross-Asset chez Lyxor, plusieurs éléments justifient cette situation : une combinaison d’un euro plus faible, de taux d’intérêt proches de zéro et de prix de l’énergie plus bas. « La reprise de l’activité devrait donc se traduire par un redressement de la croissance des bénéfices par action », souligne-t-elle en précisant que si sa société est optimiste à court terme elle est prudente à plus long terme.
C’est l’opinion aussi de Catherine Garrigues, responsable de la gestion actions chez Allianz Global Investors, qui pointe la valorisation actuelle des actions européennes, qui se traitent à 16-17 fois les bénéfices attendus en 2015 et même à 20 fois si on exclut les secteurs financiers et énergétiques, qui souffrent l’un de la baisse des prix de l’énergie et l’autre de la faiblesse des taux d’intérêt. « On est très mal à l'aise, mais cela va continuer », estime-t-elle en insistant notamment sur la différence de rendement entre les actions et les obligations, ces dernières offrant une rémunération anémique.
Eric Turjeman, nouveau directeur de la gestion actions chez OFI AM, souligne que le rendement du dividende est aujourd’hui de 3,2% à 3,3% en Europe. Même s’il pense que le Vieux continent ne croîtra pas au-delà de 1,5% à 2%, il explique qu’ »une croissance mondiale supérieure à 3% assure la pérennité des bénéfices des sociétés européennes », qui sont dans l’ensemble très internationalisées.
Deux autres éléments peuvent soutenir les actions européennes : les flux, qui ont bénéficié jusqu’ici aux ETF permettant d’investir sans différenciation mais qui vont être gonflés grâce à la hausse du dollar, et les fusions et acquisitions.
Si les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, la hausse des marchés d’actions européens repose sur des éléments solides jusqu’à la fin de cette année.