Nouvelle gouvernance ?

A quoi a servi le dernier sommet du G20 ? Tout le monde a plus ou moins un avis en fonction de ce qu’étaient ses attentes.

A quoi a servi le dernier sommet du G20 ? Tout le monde a plus ou moins un avis en fonction de ce qu’étaient ses attentes. Si on veut bien sortir des slogans faciles du style “ce fut un G vain”, il faut retenir deux éléments :

  • Le premier est la décision de maintenir les plans de soutien budgétaires en dépit des coûts énormes pour les finances publiques. Cela signifie que les principaux dirigeants de la planète estiment que la crise économique est loin d’être terminée et jugent qu’il faut continuer à financer ce qui peut l’être pour favoriser la croissance. C’est un message fort qui sonne comme un rappel à l’ordre alors que les marchés financiers ont repris leur marche en avant comme si la crise n’avait été qu’un épiphénomène. L’objectif principal des gouvernements occidentaux aujourd’hui est de freiner la hausse du chômage, qui se situe aujourd’hui autour de 10% dans les pays occidentaux. Le chômage constitue aujourd’hui un sujet d’inquiétude parce que cela peut retarder la reprise en pesant sur la consommation (poste qui représente les trois-quarts du Produit intérieur brut aux Etats-Unis) sans oublier l’impact sur la cohésion sociale.
  • Le deuxième élément du G20 est l’institutionnalisation du G20, destiné à se réunir désormais deux fois par an. Après la chute du régime soviétique, le groupe des sept pays les plus industrialisés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Canada) avait accepté d’associer la Russie à ses travaux alors même que Moscou était un nain économique en dépit de ses abondantes réserves de matières premières, en particulier de gaz. Une décision qui visait uniquement à montrer à la Russie, détentrice de stocks d’armements nucléaires, qu’on la considérait toujours comme une grande puissance. Même si on la place parmi le bloc des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), la Russie n’a pas fait beaucoup d’efforts pour devenir une économie moderne. Elle se contente de vendre son gaz et ses matières premières et n’a toujours pas réussi à moderniser son outil de production ni donc à améliorer le niveau de vie de la population. L'espérance de vie est aujourd’hui de 59,3 ans pour les hommes et 73,1 ans pour les femmes. La moyenne générale est autour de 65 ans alors qu’elle était proche de 70 ans jusqu’en 1991.

Depuis la chute du mur de Berlin, des pays émergents comme la Chine et, dans une moindre mesure, l’Inde et le Brésil ont en revanche connu un développement considérable. La Chine est devenue ce qu’on nomme “l’usine du monde” tandis que l’Inde peut prétendre au titre de “back office du monde” grâce à ses succès dans l’informatique et l’électronique. Il était donc plus que temps de remplacer le G7, dont les communiqués lénifiants sur les politiques économiques et les échanges commerciaux n’intéressaient plus que les marchés financiers, pour mieux prendre en compte la réalité du monde. Le G20 représente 85% de la richesse mondiale. Certains dénoncent l’absence de pays pauvres dans cette instance mais le G20 est clairement plus représentatif. Surtout, sa création consacre le basculement du monde vers l’Orient. Nous sortons d’un monde centré sur l’Europe et les Etats-Unis pour un monde réellement mutipolaire.

Mais, contrairement à ce qu’on pouvait espérer, le G20 ne remplace pas tout à fait le G7 puisque les ministres des Finances et les gouverneurs de banque centrale continuent de se réunir à sept. Ce sera le cas ce week-end à Istanbul. On peut objecter que les questions monétaires sont traitées essentiellement par la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne et la Banque du Japon ainsi que la Banque d’Angleterre (BoE). Mais si ce sujet, qui détermine beaucoup d’autres, reste l’apanage des grandes nations industrialisées on se demande ce que le G20 pourrait faire. Après tout, la Chine, qui ne fait pas partie du G7 bien qu’étant désormais la troisième économie mondiale, détient les premières réserves de change de la planète. La moindre décision de Beijing peut avoir des conséquences sur le niveau du dollar et de l’euro. Les questions financières doivent donc impérativement être traitées au sein du G20. Faute de quoi, cette instance prometteuse ne sera qu’un gigantesque barnum comme l’était le G7.