Ces dernières années, des économistes et des chefs d’entreprise défendaient l’idée d’un “découplage” entre les pays dé
Ces dernières années, des économistes et des chefs d’entreprise défendaient l’idée d’un “découplage” entre les pays développés et les pays émergents. Les taux de croissance de ces derniers ainsi que leurs balances des paiements laissaient croire qu’ils pouvaient vivre indépendamment du reste de la planète. La crise financière de l’automne 2008 a montré que ces pays émergents comme la Chine, le Brésil ou l’Inde, aussi dynamiques soient-ils, étaient également touchées par les difficultés des Etats-Unis, qui reste, de loin, la première puissance économique de la planète.
Car les pays émergents les plus dynamiques sont avant tout des exportateurs et comment pourraient-ils ne pas subir l’impact d’un ralentissement chez leurs clients ? Or, le commerce mondial a chuté de 12,2% en 2009 (-23% en valeur), soit la baisse la plus importante depuis la Seconde guerre mondiale, selon les données de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
D’où le débat sur le découplage. Il est difficile de penser que les pays émergents puissent vivre de manière indépendante des pays développés. Mais, il faut reconnaître que certains éléments font réfléchir.
Philippe Waechter, directeur de la recherche chez Natixis Asset Management, souligne que ce sont les pays émergents qui tirent la croissance mondiale alors que la reprise est molle dans les pays industrialisés. Il précise toutefois que les premiers n’ont pas subi de crise bancaire et financière. Or, un système financier grippé constitue un handicap très lourd pour l’activité économique.
Mais Philippe Waechter note aussi que les liens s’intensifient entre les pays émergents, ceux n’éprouvant plus le besoin de passer par les pays occidentaux. Un exemple l’illustre : la Chine est devenu le premier partenaire commercial du Brésil alors que les échanges bilatéraux étaient quasi-inexistants il y a moins de dix ans.
C’est le vrai signe d’un basculement même si personne ne pense sérieusement que la suprématie des Etats-Unis sera menacée au cours de la décennie. La prochaine étape est prévisible : les pays émergents vont miser sur les Etats du Sud, les plus dynamiques, pour doper leur commerce extérieur alors que les exportations vers les pays industrialisés risquent de progresser plus faiblement pour diverses raisons (faiblesse de la demande, mesures protectionnistes, etc.)
Pour continuer sur leur lancée, les pays émergents commencent enfin à miser sur le développement d’une classe moyenne afin de favoriser la consommation. Ce phénomène est particulièrement visible en Asie. Il prendra du temps mais il est clair que les pays émergents essaieront de plus en plus de se passer des pays industrialisés, ce qui aboutira pour le coup à un vrai découplage.